Bag om La Papauté depuis Luther
...Une autre période s'ouvre, depuis la mort de Boniface VIII jusqu'au concile de Trente, deux siècles et demi, pendant lesquels l'Europe manifeste, à l'égard de la papauté, des sentiments tout-à-fait contraires à ceux qui, jusqu'alors, l'avaient animée. Désormais on voit les princes et les peuples, au lieu d'adhérer à l'autorité de Rome, la nier avec fureur; ce n'est plus cette sympathie générale qui, de toutes parts, poussait des élans vers le pape: c'est un esprit d'indépendance, de séparation et de schisme; on veut vivre chez soi et par soi; la vie politique se fait individuelle et locale; l'autorité générale de la papauté paraît ou insuffisante ou funeste: on la dédaigne ou on la hait. D'ailleurs les papes se détruisent eux-mêmes; après avoir perdu pendant soixante-douze ans le séjour de Rome, ils se dégradent en se multipliant. La chrétienté n'aperçoit plus sur le saint siège un seul homme, mais deux; et l'institution, dont l'unité faisait la force, présente deux têtes au monde, qui désormais voudra chercher ailleurs son point d'appui moral. L'église elle-même témoigne qu'elle ne met plus sa confiance dans la forme monarchique, car elle en appelle à l'autorité démocratique des conciles qu'elle élève au-dessus du pouvoir des papes. Cinquante ans après le concile de Florence et la fin du schisme, Luther paraissait...
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