Bag om L'Éloquence académique
Il y a de certaines choses, a dit La Bruyère, dont la médiocrité est insupportable, la poésie, la musique, la peinture, le discours public. Voilà qui s'appelle parler, c'est franc et c'est vrai. Qu'il serait souhaitable qu'une pareille sentence fût toujours présente à l'esprit de ceux qui font des vers ou de la prose, qui combinent des sons ou des couleurs ! Mais nous n'avons pas à nous occuper ici des émules plus ou moins heureux de Raphaël, de Mozart et de Racine; ce n'est pas à la poésie que nous avons affaire aujourd'hui, c'est seulement au discours public. Le XVIIe siècle a vu naître les académies, et par une conséquence naturelle l'éloquence académique, c'est-à-dire cette éloquence de luxe qui ne jaillit ni de la nécessité, ni de la passion. Au reste, ce genre d'éloquence n'est pas proprement d'origine moderne; l'antiquité la cultivait. On a toujours beaucoup parlé dans les démocraties, car il faut bien persuader les multitudes qui gouvernent. Dans les républiques anciennes, l'éloquence s'élevait à l'action. Par la parole, on emportait des décisions capitales...
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