Bag om Les Nouveaux Historiens de la Révolution française
La mémoire des peuples n'est pas toujours active, elle a ses langueurs. Les événements les plus extraordinaires, les plus grandes catastrophes tombent souvent dans une sorte d'oubli pour ne retrouver que plus tard une notoriété impérissable. La France ne songeait guère à la révolution et à Louis XVI quand Napoléon la gouvernait. Quel abîme entre 93 et 1803 ! A peine le temps avait tourné la dernière page du XVIIIe siècle, que s'élevait une société oublieuse, ignorante du passé qui était le plus près d'elle. D'ailleurs, les émotions, les merveilles du présent, occupaient trop cette société nouvelle pour qu'elle donnât audience à des souvenirs inutiles, importuns, qui eussent pu rendre bien des fronts, et des plus hauts, soucieux et sombres. Avec nos revers, avec les destinées sédentaires que faisait à la France une paix qui la ramenait dans ses anciennes limites, le passé revint inévitablement sur la scène, évoqué surtout par des vaincus qui triomphaient à leur tour. Ces derniers parlèrent beaucoup de la révolution pour la maudire. Ils en représentèrent les sentiments, les principes et les actes comme autant de forfaits que la France devait expier, mêlant dans leurs accusations déclamatoires le bien et le mal, enveloppant dans les mêmes anathèmes des crimes détestables et les immortels efforts du patriotisme et du génie...
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