Bag om Perdue
I - Tu tiens donc beaucoup à me laisser partir seul ? demanda le père en regardant sa femme d'un air mécontent. La petite fille qu'il tenait appuyée contre son genou leva les yeux vers lui et lui sourit avec confiance; il posa les mains sur les cheveux châtains, frisottants et soyeux, et reporta son regard sur la jeune femme triste qui empilait ses effets dans une petite malle, avec des gestes lents et lassés. - Marie, réponds donc, tu tiens absolument à rester à Paris et à ne me rejoindre que demain ? Tu veux faire seule, avec la petite, le voyage du Havre ? La jeune femme se releva péniblement sur un genou et tourna vers son mari un regard terne et découragé. - Je n'en puis plus, Simon, dit-elle d'une voix oppressée. Depuis trente heures que nous avons quitté notre pauvre vieille maison, je n'ai pas eu le temps de m'asseoir; passer encore une nuit en chemin de fer m'effraie. Laisse-moi me reposer ici, nous partirons demain ensemble. - Est-ce que cela se peut ? s'écria l'homme en se levant et en parcourant à grands pas l'étroite chambre d'hôtel garni où ils se trouvaient. On ne part pas comme cela pour l'Amérique sans avoir retenu sa place, sans avoir vu le bateau.
Vis mere