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" Le livre dont nous publions la traduction n¿a pas la prétention de révéler au public français un nouveau Ruskin, après les pages si éloquentes et si vraiment inspirées de M. Robert de la Sizeranne, l¿étude si consciencieuse et si complète de M. Jacques Bardoux, l¿essai encore tout récent de M. André Chevrillon. Peut-être a-t-il du moins le mérite de s¿adresser à un public moins restreint, parce que, tout en étant l¿¿uvre d¿un homme qui est à la fois un philosophe, un littérateur et un artiste, il n¿a été spécialement écrit ni pour les philosophes, ni pour les littérateurs, ni pour les artistes. Pour la première fois, croyons-nous, on trouvera les ¿uvres si nombreuses, si touffues, parfois même si difficiles à lire de Ruskin, énumérées dans leur ordre chronologique, expliquées par les circonstances où elles sont nées, succinctement analysées et commentées par un esprit clair qui n¿a pas visé à autre chose qüà les faire comprendre et à en montrer, en dépit des apparences, la liaison intime et la suite harmonieuse."
Extrait : " Le principe fondamentaux sur lesquels est basée l¿instruction son! très étroits. Ou conçoit V enseigne meut comme une préparation non à une meilleure vie possible, mais à la vie dans des cadres mesquins, connue l¿adaptation à une condition sociale fixée dès la naissance de l¿individu. Les classes dirigeantes pensent, avant toute chose, à ne pas créer d¿éléments susceptibles de troubler la société où elles ont la meilleure place. C¿est pour cela qu' elles ont institué un enseignement primaire rudimentaire destiné à enlever aux enfants pauvres toute idée de regarder au-dessus d¿eux ; alors nue l¿enseignement secondaire, destiné aux enfants riches, demie la possibilité de s¿élever jusqu'à plus haute culture."Madeleine Pelletier, née le 18 mai 1874 à Paris et morte le 29 décembre 1939 à Épinay-sur-Orge, est en 1906 la première femme médecin diplômée en psychiatrie en France. Elle est également connue pour ses multiples engagements politiques et philosophiques et fait partie des féministes les plus engagées au regard de la majorité des féministes françaises du xxe siècle.Elle interrompt très jeune ses études et fréquente dans son adolescence les groupes socialistes et anarchistes qui forment les idées qui restent les siennes jusqu'à sa mort. À vingt ans, elle décide de reprendre ses études malgré sa pauvreté, et parvient à devenir médecin. Cette réussite sociale ne la satisfait cependant pas et elle multiplie ses engagements dans la société. En 1906, elle est initiée franc-maçonne, est choisie comme présidente d'une association féministe et devient membre de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO). Au sein de la franc-maçonnerie comme à la SFIO, elle cherche à faire avancer la cause des femmes. Ses prises de position lui valent de fortes inimitiés au sein même de sa famille politique ou dans les rangs de la franc-maçonnerie. Les tentatives de mise à l'écart dans ces deux groupes l'incitent à se rapprocher des mouvements anarchistes et à changer de loge maçonnique.En 1917, elle s'enthousiasme pour la révolution d'Octobre en Russie et entreprend un voyage plein d'espérance pour admirer la réalisation de son idéal. Toutefois, la situation catastrophique du pays la fait déchanter, bien qu'elle conserve toujours la foi dans l'« idéal communiste ». Rentrée en France, elle reprend la lutte pour une société communiste avec des libertaires. Elle combat aussi la montée du fascisme sans cesser son combat féministe.Pour faire connaître ses idées, elle écrit de nombreux articles, publie des essais, des romans et des pièces de théâtre. Cet activisme est brisé en 1937 lorsqu'un accident vasculaire cérébral la rend hémiplégique. Elle reprend ses combats malgré son handicap à l'issue de sa convalescence. En 1939, elle est inculpée pour avoir pratiqué un avortement, mais ses accusateurs se rendent compte que son état physique ne lui permettait pas de réaliser cet acte. Ils la déclarent tout de même dangereuse pour elle-même et pour autrui, et la font interner en asile psychiatrique, où sa santé physique et mentale se détériore. Elle meurt d'un second accident vasculaire cérébral, le 29 décembre 1939.
" Il y a un an à peine que l¿une des plus célèbres cantatrices italiennes du commencement de notre siècle se mourait à Milan, dans la ville même qui fut le théâtre de ses premiers succès. Le nom de Mme Grassini brille d¿un éclat tout particulier parmi les virtuoses et les artistes distingués qui ont fait l¿ornement de la cour de Napoléon. Amenée en France par le vainqueur de l¿Italie, après la bataille de Marengo, Mme Grassini a cessé de chanter en public à la chute du maître du monde, dont elle avait été une des plus charmantes conquêtes. Après Mme Catalani, dont nous avons ici même apprécié l¿aimable talent et le noble caractère, Mme Grassini a sa place marquée parmi les cantatrices célèbres de notre siècle ; elle appartient à la même période de l¿art, au même groupe d¿artistes d¿élite, et forme avec sa brillante contemporaine un contraste des plus heureux."
" La destinée de l¿Égypte a toujours été de se faire oublier pendant des siècles, et de reparaître tout à coup pour devenir le théâtre d¿un de ces grands évènemens qui laissent leurs traces dans la vie de tous les peuples. Alexandre, César, Napoléon, marquent jusqüici les trois grandes phases de son histoire ; qui sait si, dans quelques semaines, le sort de l¿Europe entière ne va pas se décider sur les bords du Nil ? La vieille et immobile Égypte ne semblait pas réservée à un pareil avenir."
" Entre le centre de l¿Europe et la steppe russe, entre les régions brumeuses du Nord et le Midi ensoleillé qüest la Péninsule des Balkans, s¿étend toute une région dont l¿unité géographique n¿existe pas quant aux caractères positifs de la nature. Elle présente, au contraire, des contrastes frappants : les rudes hivers, riches en neige, de la Moldavie septentrionale ne ressemblent point au climat tempéré de la Valachie, où, pendant ces mois, quelques bourrasques seulement venues du Nord-Est donnent un aspect glacé aux riches campagnes, et où, le lendemain, dans la chaleur moite du dégel, février ressemble plutôt à un souriant début de printemps."
" M. Nicolas Iorga ou Jorga est un Moldave. Il est né à Botuschani le 5 juin 1871. Docteur de l¿Université de Jassy, il est professeur d¿histoire à l¿Université de Bucarest, membre de l¿Académie roumaine, député au Parlement du royaume. Il est arrivé jeune à de hautes situations par son travail, sa science et son talent. Pour nous autres Français, il est intéressant de savoir en outre qüil est venu terminer en France ses années d¿apprentissage scientifique et qüil est élève diplômé de notre École pratique des Hautes-Études (Sorbonne). Chargé de missions à l¿étranger pour recueillir les documents relatifs à l¿histoire de son pays, il entreprit de longues et fructueuses explorations dans les archives et les bibliothèques européennes, en particulier dans celles de France, d¿Italie, d¿Autriche et d¿Allemagne."
IL est un malaise de l¿âme que nous avons tous éprouvé pendant une longue soirée ou un jour sombre et pluvieux. Nos esprits engourdis perdent leur enjouement, rien ne peut hâter la marche lente des heures. Les rayons brillans de l¿imagination s¿obscurcissent, et la sagesse veut en vain nous offrir sa lumière le plus riant tableau nous parait sans couleur, et la plus douce musique sans mélodie. Nous n¿osons pas cependant nous plaindre de l¿invisible poids qui nous accable... Quelle sympathie trouverait celui qui ne peut dire ce qui cause sa peine ?
" On a dit avec raison que les peuples n¿ont jamais que le gouvernement qüils méritent. Un peuple opprimé qui ne mériterait pas de l¿être s¿insurgerait contre ses oppresseurs et les mettraient hors d¿état de le tyranniser. Cette vérité s¿applique non seulement aux peuples, mais à toutes les collectivités. Le prolétariat mérite certainement le sort qui lui est fait dans la société présente ; s¿il ne le méritait pas, étant donné qüil forme la majorité de la nation, il y a longtemps qüil aurait dépossédé la bourgeoisie de son pouvoir." Madeleine Pelletier, née le 18 mai 1874 à Paris et morte le 29 décembre 1939 à Épinay-sur-Orge, est en 1906 la première femme médecin diplômée en psychiatrie en France. Elle est également connue pour ses multiples engagements politiques et philosophiques et fait partie des féministes les plus engagées au regard de la majorité des féministes françaises du xxe siècle.
" De l¿Église romaine dans ses rapports avec les États. L¿Église de Rome est une puissance à la fois spirituelle et temporelle. Elle fonde ses droits à la souveraineté de l¿Univers sur les évangiles canoniques, sur la tradition de l¿Église primitive, sur la donation de Constantin, sur les sacrés canons et les sacrées décrétales.Qüelle possède un territoire ou n¿ait qüun palais pour domaine, l¿Église de Rome est un État. C¿est une puissance temporelle qui diffère des puissances avec lesquelles elle communique en ce que celles-ci mettent des limites à leur souveraineté, tandis que l¿Église n¿en saurait reconnaître à la sienne sans démentir son origine, altérer son caractère, se trahir et se renier elle-même. Au contraire des autres puissances qui, parce qüelles sont dans l¿humanité, acceptent les conditions où l¿homme et la nature les réduisent et plient leur volonté, leur courage et leurs lois à la force des choses, l¿Église ne peut rien abandonner des pouvoirs qui, selon sa doctrine constante, lui ont été remis comme un dépôt sacré ni renoncer à des droits qüelle prétend tenir du Ciel."
" Léonard de Vinci a-t-il sacrifié l¿art à la science ? La question semble puérile : sa gloire ne répond-elle pas pour lui ? Hier encore, qui connaissait le savant ? qui ignorait l¿artiste ? Plus d¿un cependant l¿accuse ; on lui reproche d¿avoir été autre chose et plus qüun peintre ; on insinue qüil a laissé mourir en lui le poète. Déjà les contemporains se plaignaient. Le révérend Petrus de Nuvolaria, vice- général des carmélites, écrit à Isabelle d¿Esté : « Ses études mathématiques l¿ont à ce point dégoûté de la peinture, qüil supporte à peine de prendre une brosse. » Sabba da Castiglione écrit dans ses mémoires : « Quand il devait se consacrer à la peinture, où sans aucun doute il eût été un nouvel Apelle, il se donna tout entier à la géométrie, à l¿architecture, à l¿anatomie. » En fait, le Vinci est l¿un des plus rares peintres qui aient existé. Les choses de l¿esprit ne s¿évaluent point par poids et mesure. Si ses ¿uvres sont uniques, d¿un prix infini, ne le doivent-elles pas à la rencontre de ces deux esprits qüon veut opposer et qüil concilie ? Comme l¿artiste au savant, le savant est présent à l¿artiste. L¿art exquis du maître est fait de ce subtil mélange de curiosité et d¿émotion, de vérité et de tendresse, d¿exactitude et de fantaisie." Gabriel Séailles , agrégé de philosophie (1875), Docteur ès lettres (1884) a été Maître de conférences (1886), puis professeur, titulaire de la chaire d'histoire de la philosophie à la faculté des lettres de Paris (1898).
" Je n¿ai qüun regret ; c¿est de n¿avoir pas quinze ans et de ne pas être élève de l¿École Monge. C¿est un véritable lieu de délices. On y étudie les lettres et les sciences avec de bons maîtres en suivant de bonnes méthodes : on y fait de la gymnastique dans une cour superbe, et plusieurs fois par semaine on se rend au bois de Boulogne pour monter à cheval, faire du canotage sur le lac ou se livrer à d¿interminables parties de cricket. Les esprits chagrins prétendent qüà tant chevaucher et tant canoter on perdra quelque chose de ses chances pour le baccalauréat, M. Godart, le directeur de l¿École, n¿en croit rien et je suis de son avis. Il a bien remarqué, dans les premiers jours de l¿éducation athlétique, un peu de dissipation ; on galopait par la pensée au bois de Boulogne quand on aurait dû être absorbé par le binôme de Newton. Mais l¿équilibre s¿est déjà rétabli et M. Godart ne doute pas d¿avoir cette année, aux examens de la Sorbonne, autant de succès que l¿année passée."
" La Norvège, navire de fer et de granit, gréé de pluie, de forêts et de brumes, est mouillée dans le Nord entre la frégate de l¿Angleterre, les quais de l¿Océan glacial, et la berge infinie de l¿Orient qui semble sans limites. La proue est tournée vers le Sud ; peu s¿en faut que le taille-mer n¿entre comme un éperon au défaut de la plaine germanique et des marais bataves. À l¿avant, la Norvège est sculptée, en poulaine, de golfes et de rochers : tout l¿arrière est assis, large et massif, dans la neige et les longues ténèbres. "
" L¿antique Séquanie, bien connue des écrivains anciens et souvent citée par Jules César, était une contrée importante de la Gaule Orientale. Il serait, croyons-nous, téméraire de reculer son origine aussi loin qüunauteur Franc-Comtois du XVIe siècle s¿est plu à le faire, sans hésitation, comme s¿il avait eu sous les yeux des monuments historiques irrécusables. Nous nous contenterons d¿exposer cette opinion et de citer deux pages de cet érudit, en respectant scrupuleusement l¿orthographe et le style archaïque; elles serviront d¿introduction à ce récit."
Extrait : " Il ne nous sera pas donné en cet ouvrage d¿écrire une histoire complète de l¿impressionnisme français, et d¿y enclore tous les détails attachants qüelle pourrait comporter, et par elle-même, et à cause du temps si curieux où son évolution s¿est déroulée: les proportions de ce livre nous engageront seulement à résumer le plus clairement et le plus simplement possible les idées, les personnalités et les ¿uvres d¿un considérable groupe d¿artistes qui n¿ont pu être bien connus à cause de plusieurs conditions, et sur lesquels de graves erreurs ont été trop souvent formulées. Ces conditions sont très évidentes; d¿abord, les impressionnistes n¿ont pu se montrer aux Salons, soit que les jurys leur en refusassent l¿entrée, soit qüils s¿abstinssent de leur propre volonté. Ils ont, sauf de très rares exceptions, exposé toujours à l¿écart, dans des galeries particulières où un public très restreint les connut: toujours attaqués et pauvres jus- qüen ces dernières années, ils n¿eurent aucun des bénéfices de la publicité et de la gloriole. Enfin, c¿est depuis très peu de temps que l¿admission au Musée du Luxembourg de la collection Caillebotte, incomplète, mal présentée d¿ailleurs, permet au public de se faire une idée sommaire de l¿impressionnisme; et pour achever l¿énumération des obstacles, il faut dire qüil n¿existe à peu près aucune photographie d¿¿uvres impressionnistes dans le commerce" Camille Mauclair n'est pas un historien de l'art, mais un polygraphe inépuisable qui a laissé plus de cent ouvrages et plusieurs milliers d'articles. Toutefois il a écrit des livres et des articles d'histoire de l'art qui, sans avoir un statut scientifique reconnu, illustrent néanmoins un mode de diffusion fondamental pour la discipline. Lui-même ne se serait jamais défini comme historien de l'art, quoiqu'il ait signé un « catalogue raisonné » de Greuze, mais comme « écrivain d'art », appellation qui eut cours chez les symbolistes ; de plus, comme critique, il estimait pouvoir rédiger ce qu'il appelait des « études d'art ancien », tout autant que des « études d'art moderne » : ces deux expressions recouvrent ainsi son ¿uvre d'historien qui, malgré sa facilité et parfois sa médiocrité, mérite de figurer ici, comme reflet d'une approche de l'histoire de l'art issue de la période symboliste et comme témoin d'un moment où se mettent en place de nombreuses collections de vulgarisation qui assurent à la discipline une nouvelle forme de socialisation, parallèle à son institutionnalisation universitaire.
First published in 1912, Crawford Flitch's seminal book takes as its text the transition in the theatre, in the late nineteenth century, from dance to spectacle, as producers responded to, and perhaps helped to shape, public taste, and the consequent decline of classical ballet. Flitch is sharply critical of this decline, but sees a light on the horizon in the shape of the arrival of Serge Diaghilev's Ballets Russes, whose dancers and early performances he discusses in some detail. The chapters are: The ancient and modern attitude towards the dance, The rise of the ballet, The heyday of the ballet, The Skirt dance, The Serpentine Dance, The high kickers, The revival of classical dancing, The Imperial Russian Ballet, The repertory of the Russian Ballet, The Russian dancers, The English Ballet, Oriental and Spanish dancing, The revival of the Morris Dance, and The future of the dance.Extrait : " It is not unlikely that when the art historian of the future comes to treat of the artistic activity of the first decade of the twentieth century, he will remark as one of its most notable accomplishments a renaissance of the art of the Dance. That this renaissance is an accomplished fact, is a matter of com- mon knowledge. Within a relatively short period there have appeared several great dancers, who must necessarily have been preparing them- selves for a considerable time previously to their appearance, yet as it were in secret, without cognisance of one another, with a common aim, but without a common plan. Contemporaries in time, they have been as far removed in space as the East is from the West. In all movements which touch the spirit, this circumstance of the simultaneous but independent manifestation of a common impulse is at once the most general and the most unaccountable. The still small voice whispers into space and those of a delicate hearing hear and respond. We content ourselves by repeating the explanation, which is no explanation, that the movement is ¿in the air.¿
George Sand, nom de plume d'Amantine Aurore Lucile Dupin de Francueil, par mariage baronne Dudevant, est une romancière, dramaturge, épistolière, critique littéraire et journaliste française, née à Paris le 1er juillet 1804 et morte au château de Nohant-Vic le 8 juin 1876. Elle compte parmi les écrivains les plus prolifiques, avec plus de 70 romans à son actif et 50 volumes d'¿uvres diverses dont des nouvelles, des contes, des pièces de théâtre et des textes politiques.À l'image de son arrière-grand-mère, Louise Dupin, qu'elle admire, George Sand prend la défense des femmes, prône la passion, fustige le mariage et lutte contre les préjugés d'une société conservatrice.Extrait : " Permettez moi, mon père, d¿écrire votre nom sur la première page de mon premier grand travail. Il vous revient de droit. C¿est vous qui m¿avez appris à aimer George Sand. Ceux qui vous connaissent sauront en ouvrant ce livre, qüil n¿a pu être dicté que par l¿amour de la vérité. Que ceux qui ne vous connaissent pas se disent que je trace ici avec toute ma piété filiale le nom de mon meilleur ami."
" Quel que soit le rang qüon assigne au roman dans la hiérarchie des productions de l¿esprit humain, il faut bien reconnaître que depuis que cet aliment intellectuel est entré dans nos habitudes, nul autre ne fut jamais d¿un usage aussi général. Durant tout le moyen âge, lorsque les hommes, vivant par petits groupes isolés, n¿ont entre eux que des communications orales et ne se réunissent en grand nombre qüà de rares intervalles, sous l¿influence du sentiment religieux, leur intelligence, en dehors des préoccupations religieuses, se nourrit presque exclusivement de fictions romanesques récitées de bourgade en bourgade, de château en château, par les troubadours et les trouvères. Plus tard, l¿invention de l¿imprimerie s¿applique tout d¿abord à la multiplication sans fin des romans. Plus tard encore, à mesure que la société s¿éclaire et se transforme, à mesure que les chefs-d¿¿uvre apparaissent dans toutes les autres parties de la littérature, le roman se transforme de son côté, se diversifie, se perfectionne, et captive les esprits raffinés du XVIIe et du XVIIIe siècle, comme il charmait jadis les rudes générations du moyen âge. De nos jours enfin, où la vie réelle est si remplie de labeurs, d¿entreprises, de sollicitudes pour les uns et de distractions pour les autres, le roman, loin de perdre son prestige, est plus que jamais en possession de la popularité. "
" Dans la plaine rase, sous la nuit sans étoiles, d¿une obscurité et d¿une épaisseur d¿encre, un homme suivait seul la grande route de Marchiennes à Montsou, dix kilomètres de pavé coupant tout droit, à travers les champs de betteraves. Devant lui, il ne voyait même pas le sol noir, et il n¿avait la sensation de l¿immense horizon plat que par les souffles du vent de mars, des rafales larges comme sur une mer, glacées d¿avoir balayé des lieues de marais et de terres nues. Aucune ombre d¿arbre ne tachait le ciel, le pavé se déroulait avec la rectitude d¿une jetée, au milieu de l¿embrun aveuglant des ténèbres."
Cette biographie de Haendel est parue pour la première fois en 1910. Près d'un siècle plus tard alors que la musique baroque est reconnue comme ayant eu une influence sur la vie musicale des décennies suivantes, cet ouvrage Romain Rolland garde toute sa pertinence. "Il y a cent ans, explique Dominique Fernandez dans sa préface, on avait de Haendel l'image d'un type guindé, pompeux, ennuyeux à force d'emphase ; " une, perruque ", et même un peu mitée. [...] C'était une sorte de musicien officiel, dont la grandiloquence était l'élément naturel. Telle était l'idée qu'on se faisait de Haendel lorsque Romain Rolland publia sa monographie. IL avait alors quarante-quatre ans, déjà une longue couvre derrière lui, à la fois littéraire et musicologique, sans compter une embardée du côté de la peinture. Seul Proust, son contemporain, montra pour la musique une passion aussi soutenue. Mais, contrairement à l'auteur de La Recherche, les préférences de Romain Rolland vont à l'opéra et à l'oratorio, et l'on comprend qu'un Haendel, par les proportions épiques de ses couvres et la foi qui les soulève, soit devenu un de ses auteurs de prédilection." Loin de faire l'hagiographie du musicien, il en résulte un livre écrit avec rigueur et pertinence, qui replace Haendel comme l'ancêtre et précurseur de Beethoven ou Wagner. Extrait : " Ce n¿est pas après quelques années d¿études, et en quelque deux cents pages que l¿on peut donner un aperçu de l¿¿uvre colossal de Hændel. Pour bien parler de cette vie, il faudrait une vie ; et celle même du laborieux et enthousiaste Chrysander, qui lui fut consacrée, a été à peine suffisante. Nous avons fait ce que nous avons pu ; que l¿on excuse nos fautes ! Ce petit livre ne prétend à rien de plus qüà être une esquisse très sommaire de la vie et de l¿esthétique de Hændel. Dans un prochain volume, j¿étudierai plus en détail le caractère de Hændel, son ¿uvre, et son temps."
" C¿est une périlleuse entreprise aujourd¿hui plus que jamais, que de construire un système complet de philosophie. Dans une époque de grande civilisation, comme la nôtre, il y a tant d¿idées en circulation, tant de questions à résoudre, qüon ne peut guère se proposer de répondre à tout, et de tout renfermer dans un système. La curiosité de chaque siècle laisse à la postérité moins d¿anciens problèmes résolus que de problèmes nouveaux à discuter. Il faut donc subir la loi de notre faiblesse ; il faut choisir, ou de tracer un plan général et d¿en asseoir fortement les bases, ou de s¿isoler dans de patientes recherches sur un objet spécial, pour apporter ensuite cette obole à l¿¿uvre commune."
" Si la musique française est à présent, comme au vivace moyen âge et aux temps tumultueux de la première Renaissance, l¿exemple et la parure de l¿Europe, on ne le doit réellement qüau seulDebussy. Il a tout renouvelé : le poème chanté, la musique de clavier et le drame musical. Dans Pelléas, il laisse un modèle éternel à tous les musiciens qui voudront écrire pour le théâtre : il a tenu la gageure, toujours perdue jusqüà lui, de l¿équilibre parfait entre la musique et la poésie, dans une ¿uvre pourtant toute musicale. Il est bien plus que le chant : Debussy est l¿harmonie spontanée. Le chant n¿est que la musique moins l¿art. Pour moi, l¿art seul me suffit, l¿art seul me touche. Toute la nature chante : seul, l¿artiste harmonise. Assurément, Debussy est l¿arbre roi de toute une forêt ; il n¿est pas unique en son essence ; il a des voisins et des proches, comme il a des racines : un peuple et des siècles l¿ont fait : il représente toute une culture. J¿y consens, tant qüon voudra ; mais enfin il dépasse de loin toute école et la fatalité banale du talent. Il a cette vertu que rien n¿annonce et que le moment implique sans la déterminer : vertu qui change tout à ce qui est, après qüelle s¿est produite, sans qüon pût prévoir d¿abord qüelle dût se produire."
" Voltaire publia, en 1727, un ouvrage qüil avait écrit en anglais, et intitulé an Essay upon the civil wars of France, extracted from curious manuscripts; Londres, S. Jallasson, in-8° de trente-cinq pages ; c¿était la première partie de l¿Essai sur la poésie épique. La censure de Paris ne permit pas l¿impression de l¿Essai sur les guerres civiles[2], et la traduction de l¿abbé Granet[3] ne vit le jour qüen Hollande, en 1729. Elle fut réimprimée, dans le même pays, en 1731. Pendant longtemps cet écrit n¿a pas été admis dans les ¿uvres de Voltaire. Enfin on l¿imprima, en 1768, dans la septième partie des Nouveaux Mélanges ; et depuis lors il avait toujours été conservé dans les Mélanges. Ce sont les éditeurs de Kehl qui l¿ont imprimé dans le même volume que la Henriade : c¿était faire ce que désiraient les auteurs de la Bibliothèque française.Ayant vainement cherché à Paris et fait chercher à Londres un exemplaire de l¿ouvrage anglais, je donne la traduction de l¿abbé Granet, comme on le fait depuis 1768, sans le savoir, ou du moins sans le dire.. "
" Drame historique et philosophique écrit en 1899 : la pièce « Danton » a été donnée, pour la première fois, au Nouveau Théâtre, le 29 décembre 1900 et publiée chez Hachette en 1909.Romain Rolland (1866-1944) Écrivain français, lauréat du Prix Nobel de littérature en 1915 D'une culture sculptée par la passion de l'art et de la musique et le culte des héros, il rechercha durant toute sa vie un moyen de communion entre les hommes. Son exigence de justice le poussa à rechercher la paix pendant et après la Première Guerre mondiale. Il était animé d'un idéal humaniste ."
" La philosophie n¿est qüune chimère, c¿est le cri des esprits positifs, et, tant qüelle subsistera, c¿est-à-dire tant qüon agitera l¿éternel problème de la destinée humaine, il y aura des esprits positifs pour prendre la philosophie en pitié et nier sans relâche et sans pudeur le droit au profit du fait. Que gagnent-ils à s¿obstiner ainsi dans les préjugés de l¿éducation et la religion des faits établis ? Rien que d¿être conduits par un fil invisible à leurs propres yeux et d¿accepter en aveugles ce que d¿autres ont conquis en philosophes. Chimères si l¿on veut, ces chimères philosophiques mènent le monde. De ce nuage où la science s¿enveloppe, elle fait incessamment sortir quelquesunes de ces idées fécondes qui s¿infiltrent dans la littérature, dans les m¿urs, dans l¿éducation, pénètrent peu à peu jusqüaux derniers rangs de la société, finissent par devenir un patrimoine commun de tous les esprits, et donnent à la civilisation d¿une époque le caractère auquel l¿histoire la reconnaît.
" DANS le nord de l¿Inde il y avait un monastère appelé la Chubara de Dhunni Bhagat. Personne ne se rappelait rien concernant ce Dhunni Bhagat. Il avait passé sa vie à gagner un peu d¿argent et l¿avait entièrement dépensé, comme tout bon Hindou devrait faire, à une ¿uvre pie : la Chubara. Ce monastère était plein de cellules de brique, où s¿étalaient en couleurs claires des images de dieux, de rois et d¿éléphants, et où des prêtres épuisés par les macérations restaient à méditer sur les fins dernières des choses ; les allées étaient pavées de briques, et les pieds nus des milliers de pèlerins y avaient creusé des sillons. Des touffes de manguiers avaient surgi d¿entre les briques, de grands pipals ombrageaient le treuil du puits qui grinçait tout le long du jour, et des hordes de perroquets jacassaient dans les branchages. Écureuils et corbeaux étaient familiers en ce lieu, car ils savaient que jamais un prêtre ne les toucherait."
" La porte du fumoir exposée au vent venait de rester ouverte au brouillard de l¿Atlantique Nord, tandis que le grand paquebot roulait et tanguait, en sifflant pour avertir la flottille de pêche.« Ce petit Cheyne, c¿est la peste du bord, » dit, en fermant la porte d¿un coup de poing, un homme en pardessus velu et frisé. « On n¿en a nul besoin ici. Il est par trop impertinent. »Un Allemand à cheveux blancs avança la main pour prendre un sandwich et grommela entre ses dents :« C¿est une esbèce que che gonnais. L¿Amérique en est bleine de tout bareils. Che fous tis que vous tefriez gomprendre les bouts de corde gratis tans fotre tarif. »¿ Peuh ! Il n¿est pas mauvais au fond. Il est plutôt à plaindre qüautre chose, dit d¿une voix traînante un habitant de New-York, lequel gisait étendu de tout son long sur les coussins, au-dessous de la claire-voie humide. On l¿a toujours traîné de tous côtés, d¿hôtel en hôtel, depuis sa sortie de nourrice. Je causais avec sa mère ce matin. C¿est une femme charmante, mais qui n¿a aucune prétention à le diriger. Il va en Europe achever son éducation."
Dans ce texte écrit en 1879 et à consonance très largement autobiographique, Tolstoï, en proie à une crise existentielle et mystique, déploie le paysage d'une âme séparée de Dieu, désertée par la grâce, seule face à l'obsession de la mort. Il est suivi d'un court texte qui montre l'aboutissement de cette crise, celui de transmettre le plus simplement possible le message épuré des Évangiles. Extrait : " Il y a dix-huit cents ans, Jésus-Christ révéla aux hommes une nouvelle loi. Par sa doctrine, sa vie et sa mort, il leur a montré ce que doit et ce que ne doit pas faire celui qui veut être son disciple.Non seulement il ne faut pas tuer, mais il ne faut pas se mettre en colère contre son frère. Il ne faut mépriser aucun homme :Vous avez entendu qüil a été dit aux anciens : Tu ne tueras point ; et celui qui tuera sera punissable par le jugement. » Mais moi je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère sans cause, sera puni par le jugement, et celui qui dira à son frère : Raca, sera puni par le conseil ; et celui qui lui dira : Fou, sera puni par la gehenne du feu. (Matth., V, 21, 22.)
" Mes parents m¿avaient envoyée à Édimbourg afin d¿y recevoir les soins d¿un certain M. Dawson qui avait la réputation de guérir le genre de maladie dont j¿étais alors atteinte. Accompagnée de miss Duncan, mon institutrice, je devais profiter des excellents maîtres que renferme l¿ancienne capitale de l¿Écosse, et suivre leurs préceptes en même temps que les prescriptions du docteur. Il me fut bien douloureux de quitter ma famille, d¿abandonner la vie joyeuse que mes s¿urs et mes frères menaient à la campagne, et de remplacer notre grande maison, pleine de lumière et de soleil, par le petit appartement sombre et enfumé où je me trouvai seule avec ma gouvernante, qui était silencieuse et grave par nature. Il me fut bien pénible d¿échanger nos courses à travers les prés et les bois, nos jeux bruyants dans le jardin, pour des promenades dans la ville, où il fallait se tenir droite, avoir son châle mis d¿une façon régulière, et son chapeau soigneusement attaché."
" Le monde a-t-il commencé, ou est-il éternel ? A-t-il une cause, ou subsiste-t-il par sa propre force ? Au-delà de ces phénomènes et de leurs lois, la pensée peut-elle saisir un être tout-puissant et infini qui répand partout l¿existence et la vie et sème les mondes à travers l¿espace ? Il n¿est point d¿engourdissement si profond des sens et de la matière que de telles questions ne puissent secouer. Sorti de l¿éternel et nécessaire enchaînement des causes, ou appelé par la Providence, l¿homme, intelligent et libre, se sent dépositaire de sa destinée. Avant d¿arriver à ce terme où les générations s¿engloutissent, il faut bien, chacun à notre tour, nous mettre en face de ce redoutable peut-être, et toucher à ces questions suprêmes qui contiennent dans leurs profondeurs, avec le secret de notre destinée à venir, la sécurité et la dignité de notre condition présente."
L'Évangile selon Marc (¿¿ ¿¿¿¿ ¿¿¿¿¿¿ ¿¿¿¿¿¿¿¿¿¿) forme, avec les trois autres évangiles, le c¿ur du Nouveau Testament, la partie la plus récente de la Bible chrétienne. Le deuxième (par sa place) des quatre Évangiles canoniques est aussi le plus bref et probablement le plus ancien ; c'est l'un des trois « Évangiles synoptiques ».La tradition chrétienne attribue sa rédaction à Marc, identifié au Marc compagnon de Paul puis de Pierre, personnage mentionné par le Nouveau Testament, spécialement les Actes des Apôtres et les épîtres de Paul et de Pierre.Son antériorité par rapport aux deux autres synoptiques (Matthieu et Luc) est aujourd'hui admise par le consensus historien, tout comme son utilisation par Matthieu et Luc, dont il constitue l'une des deux sources principales.
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