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" On convient généralement qüil y a de bonnes et de mauvaises influences. Je ne me charge pas de les distinguer. J¿ai la prétention de faire l¿apologie de toutes les influences.J¿estime qüil y a de très bonnes influences qui ne paraissent pas telles aux yeux de tous.J¿estime qüune influence n¿est pas bonne ou mauvaise d¿une manière absolue, mais simplement par rapport à qui la subit.J¿estime surtout qüil y a de mauvaises natures pour qui tout est guignon, et à qui tout fait tort. D¿autres au contraire pour qui tout est heureuse nourriture, qui changent les cailloux en pain : « Je dévorais, dit G¿the, TOUT ce que Herder voulait bien m¿enseigner. »L¿apologie de l¿influencé d¿abord ; l¿apologie de l¿influenceur ensuite ; ce seront là les deux points de notre causerie."
" CONDORCET proscrit, voulut un moment adresser à ses concitoyens un exposé de ses principes, et de sa conduite comme homme public. Il traça quelques lignes ; mais prêt à rappeler trente années de travaux utiles, et cette foule d¿écrits, où depuis la révolution on l¿avait vu attaquer constamment toutes les institutions contraires à la liberté, il renonça à une justification inutile. Étranger à toutes les passions, il ne voulut pas même souiller sa pensée par le souvenir de ses persécuteurs ; et dans une sublime et continuelle absence de lui-même, il consacra à un ouvrage d¿une utilité générale et durable, le court intervalle qui le séparait de la mort. C¿est cet ouvrage que l¿on donne aujourd¿hui ; il en rappelle un grand nombre d¿autres, où dès longtemps les droits des hommes étaient discutés et établis ; où la superstition avait reçu les derniers coups ; où les méthodes des sciences mathématiques, appliquées à de nouveaux objets, ont ouvert des routes nouvelles aux sciences politiques et morales ; où les vrais principes du bonheur social ont reçu un développement et un genre de démonstration inconnu jusqüalors ; où enfin on retrouve par-tout, des traces de cette moralité profonde qui bannit jusqüaux faiblesses de l¿amour-propre, de ces vertus inaltérables, près desquelles on ne peut vivre sans éprouver une vénération religieuse."
" Messieurs, le savant, illustre à tant de titres, dont je vais raconter la vie, fut enlevé à la France il y a déjà un demi- siècle. Je me hâte d¿en faire la remarque, pour bien établir que j¿ai choisi ce sujet sans m¿arrêter à des réclamations dépourvues, suivant moi, de justesse et d¿à-propos. La gloire des membres de la première Académie des sciences est un héritage de l¿Académie actuelle. Nous devons la chérir comme les gloires plus modernes ; il faut l¿entourer des mêmes hommages, lui vouer le même culte : le mot prescription serait ici synonyme d¿ingratitude."
" Messieurs, je dois aujourd¿hui, conformément à un article des règlements académiques dont la date remonte à 1666, et qui, dans un si long intervalle de temps, a toujours été fidèlement exécuté, dérouler devant vous les travaux d¿un de nos plus illustres confrères, et jeter un coup d¿¿il sur sa vie.Ces Notices biographiques n¿ont pas toujours conservé le même caractère.Devant les auditeurs du XVIIe siècle, Fontenelle lui-même, l¿ingénieux Fontenelle, osait si peu se livrer à des développements techniques, que, dans ses ¿uvres, l¿Éloge de Newton occupe seulement une trentaine de pages in-8o."
" Il y a des auteurs qui prétendent que la philosophie a pris naissance chez les étrangers : Aristote, dans son Traité du Magicien, et Sotion, livre XXIII de la Succession des Philosophes, rapportent que les inventeurs de cette science ont été les mages chez les Perses, les Chaldéens chez les Babyloniens ou les Assyriens, les gymnosophistes chez les Indiens, et les druides, ou ceux qüon appelait semnothées, chez les Celtes et les Gaulois. Ils ajoutent qüOchus était de Phénicie, Zamolxis de Thrace, et Atlas de la Libye. D¿un autre côté, les Égyptiens avancent que Vulcain, qüils font fils de Nilus, traita le premier la philosophie, dont ils appelaient les maîtres du nom de prêtres et de prophètes : ils veulent que, depuis lui jusqüà Alexandre roi de Macédoine, il se soit écoulé quarante-huit mille huit cent soixante-trois ans, pendant lesquels il y eut trois cent soixante-treize éclipses de soleil et huit cent trente-deux de lune. Pareillement, pour ce qui est des mages, qüon fait commencer à Zoroastre Persan, Hermodore platonicien, dans son livre des Disciplines, compte cinq mille ans depuis eux jusqüà la ruine de Troie."
" La vie de Voltaire doit être l¿histoire des progrès que les arts ont dus à son génie, du pouvoir qüil a exercé sur les opinions de son siècle, enfin de cette longue guerre contre les préjugés, déclarée dès sa jeunesse, et soutenue jusqüà ses derniers moments.Mais lorsque l¿influence d¿un philosophe s¿étend jusque sur le peuple, qüelle est prompte, qüelle se fait sentir à chaque instant, il la doit à son caractère, à sa manière de voir, à sa conduite, autant qüà ses ouvrages. D¿ailleurs ces détails sont encore utiles pour l¿étude de l¿esprit humain. Peut-on espérer de le connaître, si on ne l¿a pas observé dans ceux en qui la nature a déployé toutes ses richesses et toute sa puissance ; si même on n¿a pas recherché en eux ce qui leur est commun avec les autres hommes, aussi bien que ce qui les en distingue ?"
" Je dédie ce livre à Madame Alphonse Daudet, ma mère bien-aimée, qui aida et encouragea son mari dans les bonnes comme les mauvaises heures, créa autour de lui cette atmosphère de tendre recueillement où il put vivre, travailler, mourir, à l'abri d'une âme pure, rêveuse et tranquille.1er mai 1898."
" Messieurs, l¿ambre jaune, lorsqüil a été frotté, attire vivement les corps légers, tels que des barbes de plumes, des brins de paille, de la sciure de bois. Théophraste parmi les Grecs, Pline chez les Romains, citèrent déjà cette propriété, mais sans paraître y attacher plus d¿importance qüà un simple accident de forme ou de couleur. Ils ne se doutèrent pas qüils venaient de toucher au premier anneau d¿une longue chaîne de découvertes ; ils méconnurent l¿importance d¿une observation qui, plus tard, devait fournir des moyens assurés de désarmer les nuées orageuses, de conduire, dans les entrailles de la terre, sans danger et même sans explosion, la foudre que ces nuées recèlent."
" Que pensez-vous de Beethoven ? demandais-je un jour à un homme d¿un esprit original, avec qui j¿aimais à m¿entretenir de l¿art qui est l¿objet constant de mes études. ¿ Ce que je pense de Beethoven ? répondit-il en jetant sur moi un regard inquiet et soupçonneux ; où voulez-vous en venir ? ¿ Mais ma question vous l¿a dit : à connaître vos idées sur ce génie immortel dont, malgré tant de jugements divers, il semble que le caractère soit encore méconnu. Après un long silence dont j¿avais peine à m¿expliquer la cause : « Suivez-moi, me dit cet homme singulier. » Arrivé chez lui, il ouvrit son secrétaire, prit un papier, et me le remit en disant : « Lisez ce brouillon si vous pouvez, et, lorsque vous l¿aurez déchiffré, vous comprendrez pourquoi j¿ai dû hésiter à répondre à une question qui vous paraissait toute simple. » Le brouillon que j¿emportai chez moi contenait en langue italienne le récit qüon va lire."
" Comment n¿a-t-on joué que deux fois en France, et dans de médiocres conditions, cette ¿uvre admirable et déjà trentenaire ? Pourquoi surtout ne l¿avoir pas exécutée l¿année dernière, à la mémoire de L¿illustre musicien qui venait de mourir ? Sinon dans une église, où peut-être n¿eût pas été admis un Requiem allemand, du moins dans cette salle, dans ce temple de beauté maintenant fermé : au Conservatoire. Là furent jouées pour la première fois les symphonies de ce Beethoven que Brahms aimait tant et que parfois il rappelle. J¿aurais souhaité que cet hommage, en ce lieu, fût rendu au grand disciple du plus grand des maîtres.De l¿aveu général, le Requiem allemand est l¿¿uvre maîtresse de Brahms. A trente années de distance, cette musique apparaît très pure, très pieuse, à la fois puissante et douce. Volontairement isolée, contemporaine et indépendante de la réforme wagnérienne, on dirait qüelle l¿ignore ou la dédaigne. Elle ne proteste pas ; elle atteste seulement qüen dehors d¿un mouvement en apparence irrésistible, au-dessus d¿un flot qui menaçait de tout engloutir, quelque chose de grand a pu naître, et demeure. Le Requiem allemand, c¿est un sommet très haut, très fier, et non submergé."
" En plaçant le nom de Tolstoï en tête de ce recueil d¿articles, dont l¿ensemble donne le tableau le plus complet que nous ayons jusqüici de la vie des Doukhobors, nous avons voulu non seulement prendre le grand écrivain comme le Génie bienfaisant de ce livre, mais rappeler qüil fut aussi celui de la secte dont nous nous occupons. En effet, les Doukhobors doivent tant à Léon Tolstoï que son nom restera intimement associé à leur histoire. Ce n¿est pas que (opinion parfois émise) Léon Tolstoï ait été leur inspirateur ; ¿ dans le bel article de M. Tchertkov : « Où est ton frère », le lecteur verra ce qüil faut penser à ce sujet ¿, mais si Tolstoï n¿a pas eu d¿influence sur le développement moral des Doukhobors, il y a aidé indirectement, en favorisant leur émigration au Canada." Sommaire : I. ¿ Avertissement du traducteurII. ¿ Préface. P. BirukovIII. ¿ Les Doukhobors au commencement du XIXe siècle (Rapport officiel écrit en 1805)1° Origine des Doukhobors2° Leur vie et leur organisation3° Doctrine des DoukhoborsIV. ¿ Ma connaissance avec les Doukhobors. P. BirukovV. ¿ Lettre à la rédaction du Times. L. TolstoïVI. ¿ Les persécutions des chrétiens en Russie en 1895. P. BirukovVII. ¿ Postface de la brochure de Birukov. L. TolstoïVIII. ¿ Postface de la brochure « au secours ». L. TolstoïIX. ¿ « Où est ton frère? ». TchertkovX. ¿ Lettre aux Doukhobors du Caucase (1898). L. TolstoïXI. ¿ L¿émigration des Doukhobors au Canada. J. W. B.XII. ¿ Lettre aux Doukhobors émigrès au Canada. L. TolstoïXIII. ¿ Aux Doukhobors du Canada. L. TolstoïXIV. ¿ Les Doukhobors et le Gouvernement du Canada. Appel à l¿humanité (Documents officiels)XV. ¿ À propos du conflit entre les Doukhobors et le gouvernement du CanadaXVI. ¿ Appendice
Prix de l'Académie française en 1864, cet ouvrage présente les réflexions et pensées de l'auteur, mois par mois. C'est le "calendrier de ses sensations", ainsi qu'il a coutume de le dire.Extrait : " Nous connaissons un homme qui, au milieu de la fièvre de changement et d'ambition qui travaille notre société, a continué d'accepter, sans révolte, son humble rôle dans le monde, et a conservé, pour ainsi dire, le goût de la pauvreté. Sans autre fortune qu'une petite place, dont il vit sur ces étroites limites qui séparent l'aisance de la misère, notre philosophe regarde, du haut de sa mansarde, la société comme une mer dont il ne souhaite point les richesses et dont il ne craint pas les naufrages. Tenant trop peu de place pour exciter l'envie de personne, il dort tranquillement enveloppé dans son obscurité."
" In 1891 you, as Chairman of the Civil Service Commission, were in Washington. I had just returned to that city from a work of two years among Pacific Coast Indians. Of these, two tribes in California had asked me to intercede for them with the President, who in those days was Benjamin Harrison. These Indians were among the truly wretched and suffering. One tribe of them had been almost exterminated through a massacre inflicted by white men. The other reduced to a feeble remnant through various man-killing processes. Still they were worthy of earnest attention. Their myths have a beauty and a value which should preserve them till literature perishes. These two tribes were the Wintu and the Yana whose account of the world and its origin I published later on in ¿Creation Myths of Primitive America.¿
Quelques réflexions pertinentes d'André Gide sur le monde qui l'entoure, Dieu et la foi, la littérature et les vanité de la vie en société. Une recherche de la Vérité plutôt que le confort intellectuel car « chacun ne regarde dans l'événement que ce qui lui donne raison ». Une grande part de l'ambiguïté de Gide est dans ce livre." Un esprit non prévenu (ou qui sut se déprendre de ses préventions), il n¿est sans doute rien de plus rare ; et c¿est à la non-prévention que j¿attache le plus de prix.Ce que l¿on cherche le plus souvent dans la vie, c¿est de quoi s¿entêter, non s¿instruire. Chacun ne regarde dans l¿événement que ce qui lui donne raison. Le reste échappe, qui désoblige ; et l¿événement n¿est jamais si simple que chacun n¿y puisse trouver confirmation de ses convictions, fussent-elles les plus erronées. Il semble que rien ne plaise davantage à l¿esprit que de s¿enfoncer dans l¿erreur."
" Il est impossible de réfléchir sur la Constitution, sur la Législation, sur l¿Administration des États, sans voir bientôt, que la plupart des difficultés, qui s¿opposent à l¿établissement d¿un ordre simple, constant & paisible, ou feroient anéanties, on du moins cesseroient de mettre au bonheur public des obstacles effrayans ; si une bonne méthode d¿élire garantissoit que les places feroient données en général à des hommes dignes de les remplir. Si les choix font faits au hasard, une Nation qui n¿obéit qüà des Loix formées par des Représentans élus par elle, jouit sans doute d¿une Constitution libre. On a beaucoup fait pour ses droits & très-peu pour son bonheur."
" Il faut en convenir, notre génération est insatiable. Il ne lui suffit pas du présent si rempli, de l¿avenir gros de promesses ; il lui faut encore le passé.Pas un de nous, sachant tenir une plume, qui ne s¿en aille fouiller dans ses propres souvenirs et dans ceux de ses pères. Tous nous nous demandons si nous n¿avons pas une aïeule, un grand-oncle ayant quelque chose à nous dire. Et puis, avec un désintéressement voisin de la vanité, nous nous empressons de faire connaître autour de nous le trésor que nous croyons avoir découvert. C¿est ce que nous allons faire ici."
Léon Daudet est le fils aîné de l'écrivain Alphonse Daudet. Républicain converti au monarchisme, antidreyfusard et nationaliste clérical, député de Paris de 1919 à 1924, il fut l'une des principales figures politiques de l'Action française. Dans cette ¿uvre monumentale il revient sur les événements marquants de sa vie et ses principaux combats idéologiques. Une lecture édifiante à qui cherche à comprendre les tribulations politiques ambiguës de cette figure controversée de la droite française de l'entre-deux guerres." Je commence, avec cet ouvrage, la publication de mes souvenirs et je compte la poursuivre régulièrement désormais. Ce premier recueil de quatre volumes porte sur une période d¿environ trente ans, pendant lesquels j¿ai été à même d¿approcher et de fréquenter les personnalités les plus notoires de la littérature, de la médecine et du milieu politique républicain. Fils d¿un écrivain célèbre et qui avait non seulement le goût, mais la passion des échantillons humains, depuis le vagabond de la route jusqüau plus raffiné des artistes, j¿ai été en relations avec beaucoup de gens que je n¿avais pas choisis et dont je devais être violemment séparé plus tard par les circonstances de la vie, ou des divergences fondamentales. Polémiste nationaliste, puis royaliste, j¿ai été amené à traiter rudement ceux que je considérais comme les ennemis de mon pays. Quelques-uns d¿entre eux Zola, par exemple faisaient partie de l¿entourage d¿Alphonse Daudet. Je n¿ai pas cru devoir les ménager pour cela, n¿ayant par ailleurs reçu d¿eux que les témoignages les plus banaux de sympathie à l¿endroit d¿un jeune confrère. Je compte persévérer dans cette attitude. Deux personnes seulement m¿ont encouragé et soutenu dans mes débuts : mon père, qui m¿a mis la plume à la main ; Mme Edmond Adam, qui a publié, dans la Nouvelle Revue, mes premiers essais."
" L¿instruction publique est un devoir de la société à l¿égard des citoyens. Vainement aurait-on déclaré que les hommes ont tous les mêmes droits ; vainement les lois auraient-elles respecté ce premier principe de l¿éternelle justice, si l¿inégalité dans les facultés morales empêchait le plus grand nombre de jouir de ces droits dans toute leur étendue. L¿état social diminue nécessairement l¿inégalité naturelle, en faisant concourir les forces communes au bien-être des individus. Mais ce bien-être devient en même temps plus dépendant des rapports de chaque homme avec ses semblables, et les effets de l¿inégalité s¿accroîtraient à proportion, si l¿on ne rendait plus faible et presque nulle, relativement au bonheur et à l¿exercice des droits communs, celle qui naît de la différence des esprits.Cette obligation consiste à ne laisser subsister aucune inégalité qui entraîne de dépendance. Il est impossible qüune instruction même égale n¿augmente pas la supériorité de ceux que la nature a favorisés d¿une organisation plus heureuse. Mais il suffit au maintien de l¿égalité des droits que cette supériorité n¿entraîne pas de dépendance réelle, et que chacun soit assez instruit pour exercer par lui-même et sans se soumettre aveuglément à la raison d¿autrui, ceux dont la loi lui a garanti la jouissance. Alors, bien loin que la supériorité de quelques hommes soit un mal pour ceux qui n¿ont pas reçu les mêmes avantages, elle contribuera au bien de tous, et les talents comme les lumières deviendront le patrimoine commun de la société"
" Hipparque, que d¿un commun accord le monde savant a salué du titre glorieux de plus grand astronome de l¿antiquité, naquit à Nicée, en Bithynie, à une époque dont on ne sait pas exactement la date. On ne pourrait pas non plus fixer avec précision la date de sa mort. Nous savons seulement par Ptolémée que l¿illustre astronome était plein de vie pendant les années 127 et 128 avant notre ère.Dans sa jeunesse, Hipparque observa dans sa ville natale. Plus tard il s¿établit à l¿île de Rhodes, où ses principaux travaux furent exécutés. Quelques historiens de la science parlent de son séjour à Alexandrie, mais il n¿est pas certain qüil ait jamais visité cette ville et surtout qüil s¿y soit établi."
" Lazare-Nicolas-Marguerite Carnot naquit à Nolay (Côte- d¿Or), dans cet ancien duché de Bourgogne qui déjà avait été le berceau de trois des plus grandes illustrations dont les académies puissent se glorifier : Bossuet, Vauban, Buffon. Son père était avocat et exerçait cette noble profession avec beaucoup de talent (ce qui n¿est pas rare), avec un très grand désintéressement (ce qui, dit-on, est un peu moins commun). L¿avocat Claude-Abraham Carnot avait dix-huit enfants : ainsi, d¿après le vieil adage qui promet la prospérité aux familles nombreuses, il dut compter sur un avenir heureux pour chacun de ses enfants."
" Par suite d¿un malentendu, on ne m¿a demandé de tenir cette conférence qüavec beaucoup de retard ; comme je ne suis rien moins qüun improvisateur, je n¿aurais pas pu accepter de la faire s¿il ne s¿était agi de Charles-Louis Philippe, et si je n¿avais pensé que, pour parler de lui devant vous, un grand amour était plus utile qüune longue et savante préparation. Je ne chercherai point, du reste, à vous apporter ici des idées originales sur la personne et l¿¿uvre de Charles-Louis Philippe. N¿attendez pas non plus des souvenirs personnels, des anecdotes pittoresques : je ne pense point que Philippe en laisse beaucoup à raconter, pour cette raison que c¿était le plus simple des êtres, qüil ne composait point son personnage et ne prétendait jamais à paraître, parce qüil se sentait être profondément."
" Tel est l¿extrait fort clair des Catéchismes de M. de Saint- Simon, et des six ou sept premiers numéros d¿un journal écrit en style obscur, et qui a l¿air de se battre pour l¿industrie.M. de Saint-Simon a dit : « La capacité industrielle est celle qui doit se trouver en première ligne ; elle est celle qui doit juger la valeur de toutes les autres capacités, et les faire travailler toutes pour son plus grand avantage. » Si nous n¿y prenons garde, l¿on va nous donner un ridicule."
" Dans les dernières années de sa vie, Georges Cuvier daignait dérober de courts moments à d¿immortelles recherches, pour rédiger quelques notes destinées à ses futurs biographes. Une de ces notes est ainsi conçue : « J¿ai tant fait d¿éloges, qüil n¿y a rien de présomptueux à croire qüon fera le mien. » Cette remarque de l¿illustre naturaliste m¿a rappelé que le dernier secrétaire de l¿ancienne Académie des sciences, que l¿auteur de cinquante-quatre biographies d¿académiciens, également remarquables par la finesse et par la profondeur, n¿a pas encore reçu ici le juste tribut qui lui est dû in tant de titres. La dette remonte à près d¿un demi-siècle ; cela même était une raison puissante de s¿acquitter sans plus de retard."
" Je réponds au désir qui m¿a été exprimé décrire pour le grand public un petit livre sur l¿hypnotisme et la suggestion. Ces mots éveillent encore dans les esprits, même médicaux, l¿idée d¿une chose extraordinaire, mystérieuse, due à des forces fluidiques inconnues. Occultisme, magnétisme, hypnotisme, ces mots impressionnent encore vive- ment les imaginations. Beaucoup de médecins mêmes n¿osent pas s¿aventurer dans ce domaine qüils considèrent encore un peu comme extra-scientifique.C¿est pour combattre cette conception erronée, pour dégager la question de son apparence mystique et thaumaturgique, ce qui a été mon objectif constant, que je condense dans ces pages, au risque de me répéter, les faits que j¿ai observés et les idées que trente ans d¿expérience m¿ont permis de mûrir sur cette question."
" Vous savez que nul n¿atant besoin de notre attention, en ces jours, que les enfants. Nous autres, gens adultes, nous qui quitterons bientôt ce monde, nous laisserons à nos enfants un bien pauvre héritage, nous leur léguerons une bien triste vie. Cette stupide guerre est l¿éclatante preuve de notre faiblesse morale, du dépérissement de la culture. Rappelons donc aux enfants que les hommes ne furent pas toujours aussi faibles et mauvais que nous le sommes, hélas ! Rappelons-leur que tous les peuples ont eu et possèdent encore maintenant de grands hommes, de nobles c¿urs ! Il est nécessaire de le faire justement en ces jours de férocité et de bestialité victorieuses. Je vous prie ardemment, cher Romain Rolland, d¿écrire cette Biographie de Beethoven , car je suis persuadé que nul ne le fera mieux que vous ! Et permettez-moi de vous demander encore de bien vouloir m¿indiquer à qui, parmi les écrivains français, je devrais demander de bien vouloir écrire l¿Histoire de Jeanne d¿Arc pour les enfants. Il est bien entendu que cette personne doit avoir du talent et ne pas être catholique".
" Siméon-Denis Poisson naquit à Pithiviers, département du Loiret, le 21 juin 1781, de Siméon Poisson et de mademoiselle Franchetère, sa femme. Le père, après avoir pris part comme simple soldat aux guerres du Hanovre, fit l¿acquisition d¿une petite place administrative ; il remplissait, dans la capitale du Gâtinais, des fonctions analogues à celles qui aujourd¿hui sont dévolues aux juges de paix. Les aînés de Siméon-Denis étaient morts en bas âge. En 1781, les éloquentes prescriptions de Jean-Jacques Rousseau sur l¿allaitement des enfants, si bien accueillies dans les villes, avaient à peine pénétré dans les campagnes. La mère de Poisson était d¿ailleurs d¿une santé très- délicate ; son jeune enfant fut donc confié à une nourrice habitant une maison isolée à quelque distance de Pithiviers. M. Poisson alla un jour visiter son fils ; la nourrice était aux champs ; impatient, il pénétra de force dans l¿habitation, et vit, avec un douloureux étonnement, ce fils, objet de toutes ses espérances, suspendu par une petite corde à un clou fixé dans le mur. C¿est ainsi que la campagnarde s¿assurait que son nourrisson ne périrait pas sous la dent des animaux carnassiers et immondes qui circulaient dans la maison. Poisson, de qui je tiens cette anecdote, ne l¿envisageait que par son côté plaisant : « Un effort gymnastique me portait incessamment, disait-il, de part et d¿autre de la verticale ; c¿est ainsi que, dès ma plus tendre enfance, je préludais aux travaux sur le pendule qui devaient tant m¿occuper dans mon âge mûr. » Prenons la chose du côté sérieux, et félicitons nous que, par la création dans le plus humble village d¿une crèche et d¿une salle d¿asile, la vie d¿un enfant destiné à honorer son pays ne doive plus dépendre de la solidité d¿un clou et de la ténacité de quelques brins de chanvre."
" On a mal dit : « L¿homme n¿est ni ange ni bête. » Il faut affirmer : L¿homme est à la fois ange et bête. Ah ! le pauvre être double. Tout courbé sous les nécessités animales, tout soumis à son ventre, il sent sur sa lourdeur s¿agiter des ailes nobles. Il est inquiet d¿apprendre, inquiet de créer harmonieusement ; il aime le beau, il aime l¿amour. Depuis des siècles de siècles, il fait la bête parce qüil veut faire uniquement l¿ange ; son poids le roule dans l¿ordure parce qüil oublie son poids et croit naïvement se libérer de la brute qui est une partie nécessaire de lui-même."
" J¿ai écrit, dans les propositions qui forment la conclusion de l¿Hérédo, que l¿homme vit et meurt de ses images. En effet, il y a un rapport étroit, attesté par un nombre considérable de phénomènes faciles à constater, entre les images qui viennent à l¿esprit et les fonctions organiques. Le désir procède par images, qui mettent en mouvement le système érectile, vaso-moteur, glandulaire et musculaire. La peur est le résultat d¿une image, qui agit sur la vessie, le système sudoripare et l¿intestin. Tout le monde connaît le phénomène de la chair de poule. Le rire et les larmes, les mouvements de contraction ou de dilatation du c¿ur et des gros vaisseaux dérivent de nos images intérieures, succédant aux images du dehors, ou spontanées. L¿imagination commande le corps plus que le corps ne commande l¿imagination. Une inclinaison heureuse des images fait la vie agréable et intéressante, malgré ses traverses."
" Le maréchal de Saxe racontait les hauts faits de Chevert, dans la grande galerie de Versailles, au milieu d¿un groupe d¿officiers et de courtisans. Tout à coup un de ses auditeurs l¿interrompit en ces termes : « Monsieur le maréchal, la chaleur de vos éloges nous autorise à penser que l¿histoire de Chevert ne vous est pas complétement connue ; vous ignorez, sans doute, que cet officier est le fils du bedeau de la plus modeste église de Verdun ? ¿ Vraiment ? s¿écria le héros de Fontenoy, Chevert avait toute mon estime ; à partir de ce moment je lui devrai de la vénération. »C¿est aussi jusqüà la vénération que je désirerais porter les sentiments de cette assemblée pour le confrère dont je vais tracer la biographie. Je dirai donc, sans autre préambule, que Jacques Monge, le père de l¿illustre académicien, était un marchand ambulant, et que, dans ses courses autour de la ville de Beaune, il ne dédaignait pas d¿aiguiser les couteaux, les ciseaux des ménagères bourguignonnes."
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