Bag om Aline et Valcour, ou Le roman philosophique - Tome 4
Nous n'en sommes pas moins sensibles l'une et l'autre, les chocs violens ébranlent également nos ames, mais ceux qui arrivent à la mienne ne sont pas de l'espèce qui convient à la vôtre. Combien de fois d'ailleurs, ne recevons-nous nos impressions que de l'habitude des préjugés ? Comment alors les sensations d'une ame accoutumée à vaincre le préjugé et à secouer les chaines de l'habitude, seront-elles semblables à celles d'une ame livrée à l'empire de ses causes. Il ne s'agirait dans ce cas que d'avoir de la philosophie pour recevoir des impressions très-singulières, et par conséquent, pour étendre étonnamment la sphère de ses jouissances. On ne saurait croire ce qu'on trouverait peut-être au delà des débris de tous ces freins vulgaires; tant que nous soumettons la nature à nos petites vues, tant que nous l'enchaînons à nos vils préjugés, les confondant toujours avec sa voix, nous n'apprendrons jamais à la connaître; qui sait s'il ne faut pas la dépasser beaucoup pour entendre ce qu'elle veut nous dire.
Vis mere