Bag om ARIADNE
La première classe était plongée dans les douceurs de l¿étude, comme d¿ailleurs l¿institut tout entier. Le lourd soleil d¿août brillait sur les toits de tôle verte et se reflétait dans les vitres des immenses fenêtres à demi fermées ; un souffle d¿orage grondant au loin arrivait par bouffées, et la voix somnolente du professeur détaillait les causes de la décadence de la maison d¿Autriche aux élèves à moitié endormies. Les trois premières de la classe, les plus intelli- gentes, spécialement favorisées du maître, griffonnaient assidûment les brouillons qui devaient leur valoir des notes brillantes aux examens de fin d¿année, ¿ ceux qui précéderaient leur sortie de l¿institut, et, par conséquent, leur retour dans la famille. La dame de classe, vieille fille pédante et guindée, continuait au crochet un interminable couvre-pieds dont personne dans l¿établissement n¿avait vu le commencement, et, de temps à autre, son ¿il vigilant et soupçonneux parcourait les rangs de son troupeau juvénile. Soudain, dans ce milieu somnolent, correct et routinier, il arriva un événement extraordinaire, dont n¿avaient jamais été témoins les murailles de l¿institut de demoiselles placé sous le patronage de S. A. I. madame la grande-duchesse X... Le professeur resta bouche bée, les élèves pouffèrent de rire, et la dame de la classe se leva de toute sa hauteur, surprise et indignée... pendant que les dernières vibrations d¿une gamme chromatique, filée avec une douceur exquise par une belle voix de contralto, allaient s¿éteindre sur les cartes murales frissonnantes d¿indignation entre leurs rouleaux de bois noir.
Vis mere