Bag om Les Mystères de Londres - Tome 4 - Le Marquis de Rio-Santo
Sa nature physique était, comme sa nature morale, vierge pour ainsi dire et non entamée. Il était jeune d'apparence et de fait, bien plus jeune que ces lords de vingt ans que le trot d'un cheval fait pâlir et qui raniment tant bien que mal à l'aide d'excitants les appétits éteints de Leurs Seigneuries éreintées. Il était beau et fort et ardent; il y avait en lui, derrière cet aspect flegmatique que nos moeurs infligent à toutes physionomies, trop plein d'audace, trop plein d'amour et de fougue. - White-Manor, au contraire, était vieillard avant d'avoir franchi les limites de l'âge mûr. Son coeur, naturellement égoïste, était devenu de pierre; son corps, robuste autrefois, fléchissait sous le poids d'une précoce décrépitude. Ce n'était point pourtant un de ces frêles débris dont l'âge ou les excès ont ostensiblement miné le corps, et qui s'en vont courbés, chétifs, tremblotants, débiles, implorant de la foule un passage pour leurs pas chancelants; lord de White-Manor avait conservé la raideur de sa forte taille; il se tenait droit encore sur ses jambes alourdies, et son torse appauvri dissimulait ses pertes sous les mensonges habiles d'un costume fashionable.
Vis mere