Bag om A travers champs
I C'était à l'heure où les troupeaux rentrent du pâturage; les vaches paresseuses et les petits veaux inquiets s'en revenaient lentement à la ville, au milieu d'un nuage de poussière dorée. Tant qu'elle roula dans les rues de Kozlychkine, la petite calèche qui venait de quitter l'auberge principale n'eut pas de peine à fendre le courant animé qui venait à sa rencontre; mais, lorsque les maisons de la grande rue se firent plus rares, le cocher éprouva quelque difficulté à guider ses trois chevaux indociles au milieu de ce flot de bétail lourd et patient. Les vaches s'arrêtaient devant la porte de leurs demeures, et, poussant des beuglements plaintifs, appelaient leurs compagnes retardataires avant de franchir le seuil de l'étable; pour peu que deux ou trois de ces lentes créatures se fussent réunies sur un point de la voie, le passage était totalement obstrué par le reste du troupeau que hâtaient les bouviers armés de longs cornets au son strident, semblables à ces trompettes du jugement dernier qu'on voit dans les anciens tableaux.
Vis mere