Bag om Contes cruels
Voici ce qu'écrit Stéphane Mallarmé dans une lettre adressée à son ami Villiers: Tu as mis en cette oeuvre une somme de Beauté extraordinaire. La langue vraiment d'un Dieu partout ! Plusieurs des nouvelles sont d'une poésie inouïe et que personne n'atteindra: toutes, étonnantes. Le bourgeois est l'ennemi désigné par Villiers dans sa correspondance avec Mallarmé qui fait office de projet littéraire: Le fait est que je ferai du bourgeois, si Dieu me prête vie, ce que Voltaire a fait des cléricaux, Rousseau des gentilshommes et Molière des médecins. Il parait que j'ai une puissance de grotesque dont je ne me doutais pas. Villiers fait donc la satire dans son oeuvre du bourgeois - qui est davantage un type qu'une catégorie sociale - parce qu'il incarne l'esprit étriqué, matérialiste et positiviste de son temps. Villiers, lui, cherche à incarner l'idéalisme à la fin-de-siècle en se présentant comme portier de l'Idéal pour combler le vide métaphysique provoqué par le bourgeois. Pour répondre au matérialisme philosophique bourgeois, Villiers renouvelle les outils de la satire, utilise la forme brève pour rendre son ironie plus cruelle et s'appuie parfois sur le genre fantastique afin de troubler le rationalisme bourgeois. Les contes réunis par Villiers sont d'une grande diversité. Leur dénominateur commun est, selon l'auteur, la cruauté. En effet, Villiers y montre sans fard, avec cynisme parfois, les travers de ses contemporains qui semblent bien cupides (Virginie et Paul), sots et superficiels (La machine à gloire). Néanmoins, les Contes ne se bornent pas, tant s'en faut, à une critique du temps: le fantastique (Véra, L'Intersigne), genre en vogue, est représenté. Surtout, dans la plupart des Contes transparaissent un sens du tragique et une poésie conformes à leur auteur, aristocrate ruiné, dramaturge sans succès et amoureux du Beau.
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