Bag om De l'influence des passions
En composant cet ouvrage, où je poursuis les passions comme destructives du bonheur, où j'ai crû présenter des ressources pour vivre sans le secours de leur impulsion, c'est moi-même aussi que j'ai voulu persuader; j'ai écrit pour me retrouver, à travers tant de peines, pour dégager mes facultés de l'esclavage des sentimens, pour m'élever jusque à une sorte d'abstraction qui me permit d'observer la douleur en mon âme, d'examiner dans mes propres impressions les mouvemens de la nature morale, et de généraliser ce que la pensée me donnait d'expérience. Une distraction absolue étant impossible, j'ai essayé si la méditation même des objets qui nous occupent, ne conduisait pas au même résultat, et si, en approchant du fantôme, il ne s'évanouissait pas plutôt qu'en s'en éloignant. J'ai essayé si ce qu'il y a de poignant dans la douleur personnelle, ne s'émoussait pas un peu, quand nous nous placions nous-mêmes comme une part du vaste tableau des destinées [...] Je l'ai essayé, et je ne suis pas sûre d'avoir réussi dans la première épreuve de ma doctrine sur moi-même, Germaine de Staël.
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