Bag om Dosia
I C'était au camp de Krasnoé-Sélo, à quelques kilomètres de Pétersbourg. On finissait de dîner au mess des gardes à cheval. Les jeunes officiers avaient célébré la fête de l'un d'entre eux, et la société était montée à ce joyeux diapason qui suit les bons repas. Une dernière tournée de vin de Champagne circulait autour de la table. La tente du mess, relevée d'un côté, laissait entrer les derniers rayons d'un beau soleil de juin: il pouvait être neuf heures du soir, la poussière, soulevée tout le jour par les pieds des chevaux et de l'infanterie, redescendait lentement sur la terre faisant un nimbe d'or au camp tout entier. Vers le petit théâtre d'été, où la jeunesse se désennuie de son exil militaire, roulaient de nombreuses calèches, emportant les officiers mariés avec leurs femmes; les petits drochkis, égoïstes, étroits comme un fourreau d'épée, sur lesquels perche un jeune officier, - voiturant le plus souvent un camarade sur ses genoux, faute de place pour l'asseoir à son côté, - prenaient les devants et déposaient leur fardeau sur le perron de la salle de spectacle.
Vis mere