Bag om En chine
Extrait: ...d'armoires, de buffets, de bahuts disparaissent sous un fourmillement de petits bonshommes, vetus des plus beaux habits couleur d'emeraude, de pourpre, d'azur, se livrant a toutes sortes d'occupations. Le dossier d'un certain canape, dont la forme denonce une arriere-pensee d'exportation, nous fait assister a une reception d'ambassadeurs; l'empereur apparait au fond, tandis qu'un personnage s'agenouille sur les marches du trone, que les mandarins font la haie, et que la foule admire; de chaque cote, des esclaves tiennent en main des elephants. Ce dossier est tout a fait charmant; mais nous aimons moins l'etoffe qui recouvre le siege et les coussins, dont le ton vineux est assez peu en harmonie avec le rouge eclatant des boiseries. Les meubles qu'expose Koong-tai, de Canton, sont d'un style severe et noble; le bois de fer, dur comme du metal, noir comme l'ebene, est la matiere que son ciseau fouille de preference et sous lequel elle semble aussi souple que l'argile. Il n'est pas de coffret precieux, de poignees de sabres, de branches d'eventail, decoupes avec plus de delicatesse que ce grand lit noir d'un si majestueux aspect. Une sombre vegetation foisonne sur les colonnes, rampe sur la corniche, s'enchevetre, s'enguirlande, avec des legeretes de dentelle; au plafond roulent des nuages sanglants desquels surgit une face de monstre, comme on doit en voir dans l'illusion des cauchemars et qui semble placee la pour donner une sinistre direction aux reves du dormeur. Des paysages sculptes, encadres de bois de fer et posant sur le corps de deux chimeres, des ecrans tout de bois de fer dechiquetes comme ces feuilles que rongent les insectes et s'appuyant sur un pied elegamment contourne; des sieges larges et massifs completent cet ameublement d'une splendeur un peu sombre. Avant de quitter la boutique de Song-Sing-Kong, nous nous arreterons encore devant un delicieux paravent ou sur la soie blanche...
Vis mere