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... Ces Salons ne modifient pas la courbe qu'on serait tenté de tracer pour figurer l'évolution de l'art depuis une dizaine d'années. Sur tous les points les artistes s'y montrent indifférents aux mêmes choses, préoccupés des mêmes idées, attachés aux mêmes formules. Il n'y a pas, dans les deux Salons, une seule bonne peinture religieuse et, dans tout le Salon de l'avenue d'Antin, il n'y en a même pas un essai. Il n'y a pas davantage, dans aucun des deux, un bon tableau de batailles, et, avenue d'Antin, nul ne l'a même tenté. Aucun grand fait de l'histoire contemporaine, aucune fête publique, aucune solennité de la guerre, ni de la paix, n'a inspiré un grand artiste. Il semblerait qu'il ne s'est rien passé encore au XXe siècle qui soit digne d'être commémoré. Les grands drames déroulés pendant si longtemps à la pointe de l'Afrique ou au nord de l'Asie n'ont pas éveillé la moindre curiosité dans les meilleurs ateliers dont voici les oeuvres. Ils n'ont ébranlé aucune grande imagination...
" Il arrive à la critique d'art une singulière aventure. J'entends la critique moderniste ou qui, du moins, hier encore, croyait l'être, en tout cas impressionniste et subjectiviste. Elle vient buter contre un phénomène essentiellement moderne: le phénomène du Cubisme, conjugué avec celui du Futurisme et de l'Art nègre, et devant ces pierres d'achoppement elle s'arrête, déconfite et désemparée, contrainte par ses principes à admirer, répugnant cependant à l'admiration, obligée de se renier et de revenir, par un détour, à des idées qu'elle a toujours combattues. A la vérité, ses principes n'étaient pas d'une clarté ni d'une vigueur saisissantes. Aucun écrivain ni philosophe ne les avait formulés d'un tour vif et précis qui permît de très bien les comprendre, ni de les contredire. Mais une atmosphère d'opinions, de tendances et de préjugés s'était formée peu à peu dans la Presse artistique et chez un public d'amateurs, laquelle imprégnait leurs jugements sur les oeuvres et sur les hommes. On la respirait sans trop la définir, et elle intoxiquait le goût naturel d'une foule de bons esprits. Devant les oeuvres d'art les plus déplaisantes et les plus bornées, où nul aspect de la nature n'était fortement rendu, ni aucun caractère humain pénétré, on se croyait obligé d'admirer, pour peu que l'artiste se targuât d'une vision nouvelle. Et, si l'oeuvre venait à heurter violemment le goût public, l'admiration allait à l'enthousiasme..."
Ruskin och Sk������nhetens Religion, skriven av Robert de la Sizeranne och publicerad 1902, �����r en bok som utforskar den engelska f������rfattaren John Ruskins syn p������ sk������nhet och dess betydelse f������r religionen. Boken inneh������ller en analys av Ruskins liv och verk, inklusive hans kritik av det moderna samh�����llet och dess bristande uppskattning f������r sk������nhet. De la Sizeranne unders������ker ocks������ Ruskins f������rh������llande till kristendomen och hur hans ������sikter om sk������nhet p������verkade hans religi������sa t�����nkande. Boken �����r skriven p������ svenska och �����r ett viktigt verk f������r alla som �����r intresserade av konst, litteratur och religion.This Book Is In Swedish.This scarce antiquarian book is a facsimile reprint of the old original and may contain some imperfections such as library marks and notations. Because we believe this work is culturally important, we have made it available as part of our commitment for protecting, preserving, and promoting the world's literature in affordable, high quality, modern editions, that are true to their original work.
This is a reproduction of a book published before 1923. This book may have occasional imperfections such as missing or blurred pages, poor pictures, errant marks, etc. that were either part of the original artifact, or were introduced by the scanning process. We believe this work is culturally important, and despite the imperfections, have elected to bring it back into print as part of our continuing commitment to the preservation of printed works worldwide. We appreciate your understanding of the imperfections in the preservation process, and hope you enjoy this valuable book.
Il y a des pays où l'on ne dit pas d'un homme: Il est brave, mais: Il a été brave, - tel jour, dans telles circonstances, devant tel danger. - En traversant les Salons de 1905, les admirateurs de nos artistes nationaux éprouvent mélancoliquement qu'on ne peut pas dire, non plus, d'un peintre: Il a du talent, mais bien plutôt: Il a eu du talent, tel jour, sous telle impression, inspiré par tel sujet, - car, hélas ! rien n'est moins définitif que les conquêtes de l'art et le terrain gagné peut, à tout moment, se trouver perdu. Les Salons de 1905 marquent un fléchissement universel chez ceux qu'on appelle les Maîtres et ils ne marquent pas un progrès ni une découverte chez ceux qu'on appelle les Jeunes. Les génies anciens ont passé; les nouveaux ne sont pas encore apparus. Pour qui cherche une impression forte ou neuve, les deux Salons avec leurs 7 655 objets qualifiés oeuvres d'art, ou les trois Salons en comptant les Indépendants, - avec leurs 11 924 produits de l'activité des exposants, - sont vides. Jamais les moyens de se manifester ne furent plus libéralement accordés aux artistes; jamais ils ne s'en sont moins servis pour manifester quelque chose qui valût la peine d'être connu. Jamais le moindre accent d'originalité, la note la plus ténue de modernisme ne furent plus facilement accueillis et acclamés comme des découvertes mondiales, - mais elles ne sont pas plus nombreuses que jadis et elles étaient plus précieuses lorsqu'elles avaient quelque peine à se faire accueillir...
"... Il y a, au Petit-Palais, trois suites, ou fragments de suites, de tapisseries très diverses: l'une du XVe siècle, l'autre du XVIe, la troisième du XVIIe, et destinées, semble-t-il, au même rôle décoratif. La première, qui ne comprend que deux pièces sur six, énormes à la vérité, est l'histoire du fort roy Clovis, tissée vers 1435; la seconde, qui comprend quatorze pièces sur dix-sept, est l'histoire de la vie et de la mort de la Vierge, imaginée par un certain Lemaire, commencée en 1509, terminée en 1530 et offerte par l'archevêque de Reims, Robert de Lenoncourt, à la cathédrale, pour tapisser l'intérieur de l'ancien choeur. Cette suite comprenait primitivement dix-sept pièces: l'une d'elles, destinée à servir de tenture à la porte du choeur, a toujours été beaucoup plus petite que ses voisines; deux autres pièces, plus petites aussi, ont encore été rognées, on ne sait quand ni pourquoi: elles existent encore, mais elles ne figurent pas ici. Enfin, la troisième suite comprend deux des scènes de l'Evangile, tissées par Pepersack, à Reims, vers 1633. Les autres, étant demeurées à l'ancien archevêché de Reims, viennent d'être brûlées par les Barbares. Il se trouve heureusement que la suite qui a été détruite était la moins précieuse, mais on ne saurait faire un mérite aux canonniers allemands de n'avoir point détruit les autres: si doctes qu'on puisse les supposer, il est peu probable que leurs obus aient distingué entre les fils tissés au XVe et au XVIIe siècle..."
L'Art, aux Salons de 1907, semble immobile et sans surprises. Chaque maître s'y présente identique, sinon toujours égal à lui-même, et il ne se présente pas de maître nouveau. Du plus loin qu'on l'aperçoive, un tableau crie son auteur, non seulement par sa facture et sa matière qui n'ont pas changé, mais par son sujet qui est le même, par ses modèles qui sont venus poser devant le peintre dans une attitude semblable, sous de pareils atours, faisant les gestes qu'ils faisaient déjà l'année passée et les années qui précédèrent, et parfois il y un quart de siècle, peut-être un peu las, mais imperturbablement. On croit entendre le rythme du pas connu, le heurt à la porte accoutumé, la voix triste ou gaie de jadis, le soupir étouffé, le rire clair, le bruissement bref. On croit voir baisser le même store, naître les mêmes reflets dans le miroir docile, courir et se dévider les mêmes nuées inlassables. On croit sentir le souffle d'air lourd du parfum immémorial sur la lisière de la forêt, sur la plage, devant la moisson inachevée. Rien ne s'est effacé des figures qui passaient sur les cimaises; rien n'a changé des âmes qui passaient dans les prunelles. Une visite à l'avenue d'Antin ou aux Champs-Elysées procure la désirable illusion que les jours n'ont point coulé depuis les dernières années du dernier siècle et que, dans ce coin de France, miraculeusement soustrait aux crises et aux questions qui bouleversent nos moeurs ut notre vie, chacun peut se croire, un instant, plus jeune de toutes les saisons inutilement employées par les peintres, plus riche de toutes les heures perdues pour l'art...
Ce qu'on découvre tout d'abord aux Salons de 1910, lorsqu'on y pénètre par la porte de l'avenue d'Antin, ce sont quelques projets de ruines: des femmes coupées en morceaux, des torses sans tête, sans jambes, sans bras, des poitrines sans dos, des dos sans poitrine, - un pied. Tout cela signé des noms des maîtres les plus officiels et les plus vénérables, tels que M. Rodin, et juché à des places d'honneur et dans le meilleur jour possible à la suite de longues et savantes controverses, sous les yeux bénévoles de M. le surintendant des Beaux-Arts et d'une foule ébahie. On se croit transporté en quelque terre lointaine de mission archéologique, à l'exposition publique qui suit des fouilles heureuses. On s'étonne de ne pas voir passer dans le hall clos tuniques flottantes d'Orientaux porteurs de couffins. Et, le premier moment de stupeur passé, l'idée nous vient que ces grands artistes ont voulu procurer aux ignorants que nous sommes les subtiles jouissances réservées jusqu'ici aux seuls archéologues: rassembler une figure éparse, imaginer les bras qui conviendraient à ce torse, chercher la tête qu'il faudrait pour surmonter dignement ces épaules.... De qui est ce pied ? Que tient cette main ? Ce magma est-il un simple éboulis de mur ou n'y saurait-on distinguer quelque galbe de statue ? et d'abord est-ce un homme ou une femme ? Bref, toutes les émotions éprouvées par un Furtwaengler raccommodant le Sphinx d'Egine ou un Comparetti expliquant la Bella Fanciulla d'Anzio...
This is a reproduction of a book published before 1923. This book may have occasional imperfections such as missing or blurred pages, poor pictures, errant marks, etc. that were either part of the original artifact, or were introduced by the scanning process. We believe this work is culturally important, and despite the imperfections, have elected to bring it back into print as part of our continuing commitment to the preservation of printed works worldwide. We appreciate your understanding of the imperfections in the preservation process, and hope you enjoy this valuable book.
Ruskin och sk������nhetens religion �����r en bok av Robert de La Sizeranne som publicerades 1902. Boken handlar om den engelska f������rfattaren och konstkritikern John Ruskin och hans syn p������ sk������nhet och dess betydelse i samh�����llet. De La Sizeranne unders������ker Ruskins liv och verk och hur hans id�����er p������verkade konst och arkitektur under hans tid. Boken ger ocks������ en djupg������ende analys av Ruskins filosofi om sk������nhet och dess roll i m�����nniskans liv. Detta �����r en viktig bok f������r alla som �����r intresserade av konst, arkitektur och filosofi, och s�����rskilt f������r dem som vill f������rst������ John Ruskins inflytande p������ dessa omr������den.This Book Is In Swedish.This scarce antiquarian book is a facsimile reprint of the old original and may contain some imperfections such as library marks and notations. Because we believe this work is culturally important, we have made it available as part of our commitment for protecting, preserving, and promoting the world's literature in affordable, high quality, modern editions, that are true to their original work.
Plus tard, beaucoup plus tard, quand les historiens chercheront à tracer le tableau de la vie sociale et intellectuelle en Europe, à la veille de la grande catastrophe, - comme on a cherché à reconstituer les u derniers jours de Pompei, - sans doute ils noteront que jamais la passion pour les objets d'art n'avait été si furieuse, jamais les enchères si folles qu'aux alentours de 1914. Et cela partout, à Paris comme à New- York et à Berlin. L'année 1912 surtout et le début de l'année 1913 furent marqués par une ruée inouïe de collectionneurs vers les ventes. Quelques heures avant l'orage, il y a ainsi des oiseaux et des insectes qui redoublent d'activité pour remplir de trésors leurs greniers. Parmi les chiffres grandissants qui faisaient pâmer d'aise le monde de la brocante et paraissaient un suprême triomphe du Beau à ceux qui confondent l'Art et l'Argent, un chiffre flamboya aux derniers jours de 1912. Un tableautin moderne, représentant une scène de genre, des Danseuses à la barre, venait d'atteindre 435 000 francs ! Il n'est pas sans exemple, mais il est rare de voir, du vivant de l'artiste, une pareille somme jetée sur son oeuvre. Elle atteint parfois un chiffre supérieur, mais l'auteur, d'ordinaire, n'est plus là depuis longtemps pour s'en réjouir, et l'on ne peut que porter des lauriers à sa tombe. Cette fois, l'artiste était encore de ce monde, mais' si peu, si invisible, si indifférent, si taciturne, si absent de tout en plein Paris, et même en plein Montmartre, que les officieux qui coururent épier sur son visage les signes de quelque transport mégalomane en furent pour leurs frais. On n'en put tirer nul témoignage de plaisir. Le bruit courut alors que c'était un grand philosophe...
" ... Napoléon ne leur fait nullement l'effet d'un Mécène éclairé. Les uns s'égaient de sa prédilection marquée pour l'éléphant, considéré comme un parangon des vertus monumentales et décoratives. Les autres s'indignent de ses projets sur les jardins de Versailles et de son idée d'y figurer, à la place des divinités de l'Olympe, les plans en relief des capitales conquises. D'autres encore le gourmandent sur sa ladrerie à Saint-Denis. Tous, ils épousent les griefs d'Alexandre Lenoir, le fondateur du Musée des monuments français, lequel ayant recueilli les sculptures arrachées aux églises, trouvait monstrueux et presque sacrilège qu'on les leur restituât. Ils accusent encore l'Empereur d'avoir voulu sacrifier les Noces de Cana à ses propres noces avec Marie-Louise, en ordonnant de jeter hors du Salon Carré, ou de brûler, si l'on n'avait pas le temps de le transporter, le chef-d'oeuvre de Véronèse. Et Joséphine qui fourrage dans les bijoux du Louvre, pour s'en approprier le meilleur! Et les ordonnateurs des cérémonies impériales qui menacent d'enlever les reliques des Petits-Augustins pour les exigences de leur mise en scène! Enfin, cette idée inouïe d'ôter du musée et de remettre à Saint-Denis les tombeaux qui en avaient été retirés! Que de griefs contre Napoléon !..."
" On raconte qu'au XVIIe siècle un roi d'Espagne vit, de la fenêtre de son palais, un homme qui riait. Comme il n'apercevait pas ce qui, dans le triste état du royaume, pouvait donner lieu à rire pour un homme sensé, il dit: Ou cet homme est fou, ou il lit le Don Quichotte. - On dirait aujourd'hui: ... ou il regarde les dessins de MM. Forain et Caran d'Ache. Car il est généralement entendu que la caricature est chose plaisante, comme on l'entend aussi du Don Quichotte, et si cela était vrai, les ouvrages des deux grands catagraphistes de l'heure présente seraient l'unique objet de gaieté fourni par nos tristesses nationales. Leurs bonshommes nous consoleraient des hommes, et leurs légendes de l'Histoire. Telle est la première idée qu'on se fait ordinairement des caricaturistes: ce sont des amuseurs. La seconde est celle-ci: ce sont des philosophes. On a fini par trouver les noms des deux amis observateurs et malcontents qui se tiennent debout dans un coin des Romains de la décadence. Ce sont MM. Forain et Caran d'Ache. L'atrium où Couture fit papillonner ses joyeux mondains et mondaines est devenu le salon modern style où les deux caricaturistes, côte à côte, dans l'embrasure d'une porte, observent comment finit un monde. En vérité, l'orgie est plus discrète..."
Est-il vrai que, pour bien connaître une société, il ne faille pas étudier ses grands hommes, mais ses hommes médiocres, parce qu'ils sont plus représentatifs ? En ce cas, c'est avec une attention soutenue qu'il faudrait étudier les Salons de 1911. Ils donnent de l'Art français, à notre époque, une idée moyenne que ne vient déranger aucun chef-d'oeuvre et l'on peut, en les parcourant, se former un système de l'Esthétique moderne tout à fait à l'abri des surprises du génie. La plupart des maîtres se montrent inférieurs à ce qu'ils étaient, ces dernières années, ou bien ne se montrent pas du tout. Aucun talent nouveau ne surgit. La masse des talents moyens ne cesse de progresser. Ainsi, ces deux opinions: Le Salon est meilleur que les années précédentes, et: Le Salon est pire, peuvent également se soutenir, selon qu'on considère, dans une exposition, la somme totale des efforts heureux, des notions acquises, ou bien, au contraire, qu'on tient pour intéressant seulement ce qui est nouveau ou impérieux...
"Ce ne sont pas toutes les questions esthétiques contemporaines qui sont traitées ici, mais quelques-unes peut-être des principales et assurément des plus nouvelles. Qu'espérer de l'emploi du fer en architecture? Comment rendre, en sculpture, le vêtement moderne? Quelle place faire à la photographie dans les Arts? En voilà trois, par exemple, qu'aucune époque avant la nôtre n'avait eu à résoudre. Et si d'autres, comme la relégation de l'Art dans les musées ou les recherches de couleur connues sous le nom d'Impressionnisme, ont pu, en d'autres temps, inquiéter les artistes, il suffit cependant qu'en aucun temps on n'ait vu se fonder tant de musées, ni qu'aucune école coloriste n'ait soulevé tant de scandale, pour que les problèmes discutés hier soient devenus plus pressants aujourd'hui. Ce sont ces questions posées ou imposées à notre attention par la vie moderne qu'on trouvera étudiées dans les pages qui vont suivre; non avec la prétention de les résoudre, mais avec l'espoir de les éclaircir. Selon quelle méthode ou dans quel sentiment? Le plus simplement possible..."
Ceci n'est pas un Salon; - c'est-à-dire que ce n'est ni un catalogue, ni une description, ni un palmarès. A l'époque lointaine où quelques centaines de toiles ou de bustes garnissaient une pièce de l'hôtel Jabach ou la galerie d'Apollon, au Louvre, le critique pouvait en dresser un inventaire complet et raisonné, comme on le fait des richesses d'un salon. Aujourd'hui que sept mille six cents objets qualifiés oeuvres d'art ont besoin pour s'abriter d'une galerie de 48 000 mètres carrés, plus propre à servir de manège aux chevaux des cosaques qu'à fournir à la méditation esthétique un lieu de recueillement et de paix, il serait vain de vouloir refaire les inventaires encyclopédiques du siècle dernier. Il y a pour cela des catalogues. De même, à l'époque plus récente où les tableaux et statues exposés à Paris n'étaient vus que par quelques Parisiens, et où les rares journaux illustrés ne pouvaient en donner au dehors l'image immédiate et ressemblante, la description littéraire de ces oeuvres était permise. Le critique luttait, comme il pouvait, contre le pinceau avec sa plume et, dans les tableaux à l'encre, qu'il traçait à coups d'adjectifs, il reproduisait, pour ceux qui n'avaient pu voir les originaux, l'impression visuelle qu'il avait ressentie...
This scarce antiquarian book is a facsimile reprint of the original. Due to its age, it may contain imperfections such as marks, notations, marginalia and flawed pages. Because we believe this work is culturally important, we have made it available as part of our commitment for protecting, preserving, and promoting the world's literature in affordable, high quality, modern editions that are true to the original work.
Que devient la peinture en Italie ? Lorsque au moment du risorgimento, la nation italienne, comme la Beauté endormie, décrite dans les contes de fées, se réveilla à l'appel d'un prince galant homme, on vit s'éveiller en même temps qu'elle les serviteurs qu'avait jetés dans le même sommeil, il y a des siècles, un même enchantement. Ceux qui se trouvèrent les premiers debout furent les orateurs. Ils se mirent à parler, ils parlent encore; puis les capitaines; puis, chose tout à fait imprévue, les anthropologues, les philologues et les criminalistes. S'éveillèrent aussi les musiciens qui, d'ailleurs, ne s'étaient jamais bien endormis et avaient continué de faire entendre, dans le silence et la solitude intellectuelle du château dormant, leurs hautbois, leurs violes et leurs flûtes. Puis les architectes, qui eussent mieux fait peut-être de sommeiller encore... Les financiers, que sir Edward Burne-Jones a peints dans sa Briar Rose, la main sur leur sacoche entr'ouverte, se sont levés aussi et sont allés porter aux paysans d'ingénieux systèmes de banques populaires. Les conteurs furent plus lents à se reprendre. On les lit maintenant, et les vierges de leurs romans ont passé les rochers des Alpes. - Mais les peintres ?... De quel lourd sommeil, sans rêves, se sont donc endormis les maîtres du XVIe siècle pour que, dans cet universel réveil de la pensée et de la vie transalpines, aucun n'ait repris l'oeuvre interrompue? Quels liserons, quels volubilis, quelles cymbalaires, quelles églantines perverses ont grimpé et tiennent prisonniers le doigt et le pinceau ? Ou bien, parce qu'ils furent les derniers grands serviteurs de l'Italie à s'endormir, doivent-ils être plus que d'autres paresseux à se lever ?...
... Comment ce même anachronisme qui nous charme si fort au Louvre nous déplaît-il tant au Champ-de-Mars ? Il y a là une question d'art qui se pose, et elle n'est pas sans importance. On se méprendrait si l'on ne voyait dans l'essai tenté, ces dernières années, qu'une fantaisie individuelle d'ambitieux en quête de tapage. Outre que plusieurs d'entre eux n'avaient nul besoin de notoriété, ayant déjà presque de la gloire, il suffît de regarder au-delà de nos frontières pour s'apercevoir que, comme la plupart des nouveaux mouvements esthétiques, celui-ci nous est commun avec l'étranger. Il y a trois ans, le Künstlerhaus de Vienne s'ouvrait pour une exposition de l'oeuvre entier de M. Fritz de Uhde, et cet oeuvre n'était d'un bout à l'autre que le récit d'un évangile déroulé au milieu de ses contemporains et de ses compatriotes, les disciples de Karl Marx ou de M. de Vollmar. Au printemps dernier, on voyait encore un frappant exemple d'anachronisme à l'exposition de Munich. Comment à notre époque de réalisme et d'information archéologique, un tel courant a-t-il pu naître et se développer ? Sont-ce les mêmes raisons qui font que le Christ nous choque au théâtre qui font qu'il nous choque au Salon ? Pour expliquer notre admiration de l'anachronisme chez les primitifs et les renaissants, suffît-il de prononcer ces mots devenus fatidiques: naïveté, sincérité, foi, comme jadis on prononçait en physique le mot horreur du vide pour expliquer aux autres des phénomènes qu'on n'apercevait pas très clairement soi-même ? Ou n'y aurait-il pas quelques autres raisons d'ordre plastique pour lesquelles le talent, le sentiment religieux même, ne sauraient empêcher les artistes qui s'aventureraient dans cette voie de s'y perdre et qui nous permettraient d'y attirer leur attention ? Tels sont les points que nous allons examiner...
Voici l'heure où les hommes qui ne pensent pas, d'ordinaire, se mettent à songer un peu: à ceux qui ne sont plus et à eux-mêmes. Une fois encore, aux Alyscamps d'Arles, les peupliers laissent tomber leurs feuilles d'or dans la triple rangée des tombeaux vides; aux thermes de Dioclétien, le grand rosier s'effeuille dans le sarcophage de la chasse à l'ours. Une fois encore, à Guimiliau, l'herbe jaunit sous le calvaire, et à Avioth, à Saint-Victurnien, à Fenioux d'Oléron, les vents d'automne soufflent lamentablement à travers les lanternes des morts. La nature et l'Eglise s'unissent pour nous faire souvenir. L'une par son silence, par l'effacement de ses couleurs, par la disparition de tout ce qui distrait les yeux et les oreilles, nous incline à mieux écouter la fuite du temps et à mieux nous regarder vieillir. L'autre, par ses commémorations en l'honneur des amis oubliés et ses fêtes en l'honneur de la multitude des saints inconnus, nous ramène devant l'éternel objet de toute pensée et de toute philosophie. Chacun traduit ce double enseignement à sa manière. Le sage cherche le reste de ses années, et la foule va voir des tombes...
Il y a une peinture anglaise. Voilà ce qui frappe tout d'abord quand on visite, en quelque pays que ce soit, une exposition internationale des Beaux-Arts. Tant qu'on parcourt les salles consacrées à l'Allemagne, à l'Autriche, à l'Italie, à l'Espagne, à la Belgique, à la Hollande, voire même aux Etats-Unis ou aux pays Scandinaves, on se croit toujours en France; et, de fait, on est toujours parmi des artistes qui habitent Paris, ou qui ont fait leurs études à Paris, ou qui, au moins, suivent de loin, ceux-ci la discipline de l'école, ceux-là le mouvement révolutionnaire des coteries parisiennes. Il faut un grand luxe d'écriteaux pour se persuader devant M. Sargent qu'on a mis l'Atlantique entre soi et l'atelier de M. Carolus Duran, ou même devant M. Werenskiöld qu'on a passé la Baltique et que M. Roll n'a pas été du voyage. Au contraire, dès qu'on entre chez les Anglais, on sent qu'on n'est plus chez des compatriotes et l'on doute si l'on est encore chez des contemporains...
" Il renaît ou, du moins, il a la prétention de renaître. On a même ouvert, au Salon, de la Société nationale, avenue d'Antin, une section dite de l'Art religieux. Voilà une nouveauté. Ce qui distinguait le plus nettement jusqu'ici un Salon d'un musée, surtout d'un des musées fameux qu'on visite en Italie, c'est que, dans l'un, on voyait à chaque pas des tableaux de piété et, dans l'autre, on n'en voyait point. C'est là, certainement, en dehors de toute considération esthétique, le trait qui frappait le plus la foule. Cette année, il est un peu moins accentué. Il y a, au Salon, des tableaux de piété des anges aux ailes tricolores soulèvent les morts de la bataille de la Marne pour les offrir à Dieu, des Christs portent leur croix au-dessus des tranchées pour montrer aux héros comment on meurt, des Sacrés-Coeurs de pourpre et d'or apparaissent sanglants et pantelants parmi les éclatements des obus ou les fumées des gaz asphyxiants..."
" «Depuis un siècle, au moins, les Allemands n¿étaient plus maîtres. Ils faisaient figure de petites gens réduites au crédit des voisins, courbées sous une férule de régent.Ils s¿avouaient de pauvres lourdauds éternellement stériles qui, incapables de jamais rien produire, devaient toujours se tenir au service,à la discrétion des Anciens,de leurs voisins plus intelligents et à des livres de classe. Ils ébranlaient le monde du tonnerre victorieux de leurs armes; leur science, leur technique, leur industrie envahissaient l¿univers: les plus privilégiés d¿entre eux cependant languissaient dans une servitude misérable. Oui, leurs chefs commandaient à des armées monstrueuses, à des forces et à des trésors sans nombre; et, touchant la vie intellectuelle, affinée, ils érigeaient la soumission aux idoles des temps morts en dogme patriotique."
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