Bag om La Fronde à Bordeaux
Quand la fronde avait été défaite au coeur du royaume dans la personne même de Condé, comment se serait-elle soutenue dans un coin du midi, privée de son chef, successivement resserrée dans une seule ville, et ayant contre elle la moitié des forces de la monarchie et la politique astucieuse et hardie de Mazarin ? La Guienne devait suivre inévitablement le sort de la capitale; il faut même admirer qu'elle se soit si longtemps défendue. Condé, en la quittant, ne lui avait demandé que d'attendre les succès qu'il allait chercher, et, même après qu'il avait été contraint de sortir de France et de se retirer dans la Flandre espagnole, la Guienne avait encore les armes à la main. La fronde était condamnée à succomber à Bordeaux, comme elle avait fait à Paris: elle y parcourut le même cercle de chimériques espérances, de succès éphémères, de honteuses dissensions, d'agitations effrénées, de crimes impuissants. Le prince de Conti figure assez bien le duc d'Orléans avec sa petite cour de beaux esprits intrigants et corrompus. Le parti des princes tombé bien vite aux mains d'une faction populaire qui domine le parlement et l'hôtel de ville, renouvelle et surpasse les tristes scènes du 4 juillet 1652 à Paris. On s'efforce de remuer les passions des protestants, on fait appel à la calviniste Angleterre comme à la catholique Espagne, on lève des troupes en Irlande et on mendie l'alliance de Cromwell, on descend jusqu'à flatter le fantôme de la république. Tout échoue, grâce à Dieu; l'étoile de la France et de la royauté l'emporte. Condé est vaincu une seconde et dernière fois, et sa soeur, abandonnée par toute espérance humaine, ne trouve d'asile qu'au pied de la croix...
Vis mere