Bag om La Garde mobile
Je demande de l'indulgence, je désirerais même de la sympathie, pour ces souvenirs d'un temps agité, recueillis au milieu, des soucis de la vie militaire, et que je n'ai point le temps de vêtir des formes littéraires telles que je les aime et les conçois. Je le dis bien franchement et non point par artifice aucun de langage: j'écris tout-à-fait en soldat des choses que j'ai pensées et senties en soldat. J'aurais pu ne pas livrer ces impressions au public; c'est ce que je ferais, si elles étaient uniquement celles de mon coeur. Ce qui est notre âme, tout-à-fait notre âme, me semble chose qu'il est bon de garder pour soi, pour ceux qu'on aime et pour Dieu. J'ai dit un jour ce que je pensais des confidences d'un grand poète; mais il s'agit ici des battements d'un autre coeur que le mien. L'âme qu'on sentira respirer, je l'espère, sous ce que j'écris n'est pas la mienne, ou du moins n'en est qu'une partie. C'est de la vie d'une famille qu'il s'agira, d'une famille dont je serai toujours fier, malgré ce qu'il y a quelquefois d'un peu étrange dans ses moeurs...
Vis mere