Bag om La logique sociale
" ...Quand un astronome nous apprend que tout notre système solaire se transporte vers la constellation d'Hercule, peu nous importe; quel que soit le point cardinal visé par le déplacement gigantesque, nous ne sommes portés à en augurer rien de bon ni de mauvais pour nous. Nous n'imaginons plus, que, suivant sa direction, ce voyage nous conduise à l'Eden de nos songes ou à l'Enfer de nos cauchemars. Mais nous n'en sommes pas encore arrivés à nous défaire de cette autre idée, non moins puérile, que, dans le très profond passé suivant les uns, dans le très profond avenir suivant les autres, se cache une ère de félicité divine, de pureté et d'harmonie céleste, ou bien un chaos affreux, un pêle-mêle de toutes les atrocités et de toutes les grossièretés imaginables. Beaucoup de savants qui se croient positivistes sont entraînés inconsciemment par le vieux penchant superstitieux à regarder a priori les hommes de la préhistoire comme des bêtes fauves, des monstres abominables, et à se persuader que, malgré la progression de notre criminalité et de nos maladies, nous courons vers une époque de bonheur surhumain. Combien de gens, même éclairés, sont convaincus que nous sommes à la veille d'une véritable palingénésie sociale, vita nuova collective ! Il n'est pas de révolution, malheureusement, qui ne se soit flattée d'inaugurer une ère nouvelle. Le calendrier révolutionnaire de nos ancêtres de 1792 n'est pas chose nouvelle dans l'histoire. Après les Vêpres siciliennes, les massacreurs des Français, en 1282, datèrent leurs actes de l'an 1er de la domination de la sainte Église et de l'heureuse République . Rienzi, au siècle suivant, pendant sa brève dictature, datait aussi de l'an 1er de la République délivrée. ..." G. T.
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