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La main froide

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Extrait chapitre I I Le vieux quartier Latin a disparu avec la dernière grisette. Le temps n'est plus où les étudiants tenaient à honneur de ne jamais quitter la rive gauche. Maintenant, ils passent volontiers les ponts et ils se répandent sur les grands boulevards, comme ils les appellent, pour les distinguer du boulevard Saint-Michel qu'ils nomment familièrement le Boul' Mich'. Quelques-uns même demeurent de l'autre côté de l'eau et viennent aux cours, en voiture, - quand ils y viennent. Pourtant, sur les hauteurs de la montagne Sainte-Geneviève, on trouverait encore, en cherchant bien, des représentants d'un autre âge, des attardés fidèles à la tenue et aux moeurs de leurs devanciers. Ceux-là arborent des coiffures étranges, fument la pipe en buvant des bocks devant les cafés de la rue Soufflot, font queue au théâtre de Cluny, dansent à la Closerie des Lilas et croient fermement que l'univers finit au petit bras de la Seine. Ces convaincus sont rares; si rares que, l'année dernière, on en comptait jusqu'à deux que les nouveaux venus se montraient comme des phénomènes. Encore se distinguaient-ils des étudiants d'autrefois en ce point qu'ils avaient tous les deux de la fortune et qu'il n'aurait tenu qu'à eux de mener une autre existence. C'était par vocation qu'ils vivaient de la vie du quartier. L'un des deux était même assez riche et assez bien apparenté pour faire bonne figure ailleurs. Il s'appelait Jean de Mirande et, à sa majorité, il était entré en possession d'une vingtaine de mille francs de rentes, sans compter la perspective d'hériter plus tard d'un oncle millionnaire et célibataire qui avait été son tuteur. Il est vrai qu'il ne comptait guère sur cette succession, car le susdit oncle était solide comme le pont du Gard, bâti par les Romains, et de plus, complètement brouillé avec son neveu, depuis que ce neveu s'était avisé de déroger aux traditions de ses nobles aïeux en s'enrôlant dans la bohème scolaire. Le Pylade de cet Oreste du pays Latin ne descendait pas des Croisés et même il ne sortait pas, comme on dit vulgairement, de la cuisse de Jupiter. Sa mère, veuve d'un facteur aux Halles, avait amassé une très honnête aisance en vendant des primeurs, à la pointe Saint-Eustache, et servait une pension de six cents francs par mois à son unique rejeton qu'elle ne voyait pas souvent, car elle demeurait rue des Tournelles, au Marais, et Paul ne s'éloignait guère du Panthéon.

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  • Sprog:
  • Fransk
  • ISBN:
  • 9781515343059
  • Indbinding:
  • Paperback
  • Sideantal:
  • 360
  • Udgivet:
  • 4. august 2015
  • Størrelse:
  • 152x229x19 mm.
  • Vægt:
  • 481 g.
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Beskrivelse af La main froide

Extrait chapitre I I Le vieux quartier Latin a disparu avec la dernière grisette. Le temps n'est plus où les étudiants tenaient à honneur de ne jamais quitter la rive gauche. Maintenant, ils passent volontiers les ponts et ils se répandent sur les grands boulevards, comme ils les appellent, pour les distinguer du boulevard Saint-Michel qu'ils nomment familièrement le Boul' Mich'. Quelques-uns même demeurent de l'autre côté de l'eau et viennent aux cours, en voiture, - quand ils y viennent. Pourtant, sur les hauteurs de la montagne Sainte-Geneviève, on trouverait encore, en cherchant bien, des représentants d'un autre âge, des attardés fidèles à la tenue et aux moeurs de leurs devanciers. Ceux-là arborent des coiffures étranges, fument la pipe en buvant des bocks devant les cafés de la rue Soufflot, font queue au théâtre de Cluny, dansent à la Closerie des Lilas et croient fermement que l'univers finit au petit bras de la Seine. Ces convaincus sont rares; si rares que, l'année dernière, on en comptait jusqu'à deux que les nouveaux venus se montraient comme des phénomènes. Encore se distinguaient-ils des étudiants d'autrefois en ce point qu'ils avaient tous les deux de la fortune et qu'il n'aurait tenu qu'à eux de mener une autre existence. C'était par vocation qu'ils vivaient de la vie du quartier. L'un des deux était même assez riche et assez bien apparenté pour faire bonne figure ailleurs. Il s'appelait Jean de Mirande et, à sa majorité, il était entré en possession d'une vingtaine de mille francs de rentes, sans compter la perspective d'hériter plus tard d'un oncle millionnaire et célibataire qui avait été son tuteur. Il est vrai qu'il ne comptait guère sur cette succession, car le susdit oncle était solide comme le pont du Gard, bâti par les Romains, et de plus, complètement brouillé avec son neveu, depuis que ce neveu s'était avisé de déroger aux traditions de ses nobles aïeux en s'enrôlant dans la bohème scolaire. Le Pylade de cet Oreste du pays Latin ne descendait pas des Croisés et même il ne sortait pas, comme on dit vulgairement, de la cuisse de Jupiter. Sa mère, veuve d'un facteur aux Halles, avait amassé une très honnête aisance en vendant des primeurs, à la pointe Saint-Eustache, et servait une pension de six cents francs par mois à son unique rejeton qu'elle ne voyait pas souvent, car elle demeurait rue des Tournelles, au Marais, et Paul ne s'éloignait guère du Panthéon.

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