Bag om Le drame de la jeunesse
Paul Féval est un écrivain français, né le 29 septembre 1816 à Rennes et mort le 7 mars 1887 à Paris 7e. Son oeuvre, composée de plus de 200 volumes dont de nombreux romans populaires édités en feuilleton, eut un succès considérable de son vivant, égalant celle d'Honoré de Balzac et d'Alexandre Dumas. Biographie Les jeunes années Paul Henry Corentin Féval naît le 29 septembre 1816 à trois heures et demie du soir dans l'hôtel de Blossac, rue du Four-du-Chapitre à Rennes. Son père, royaliste et chrétien, originaire de Troyes appartient à la petite magistrature, il est conseiller à la cour royale de la ville. Sa mère, Jeanne-Joséphine-Renée Le Baron, est Bretonne de la région de Redon, et petite-fille du jurisconsulte Henri François Potier de La Germondaye. La famille est nombreuse (cinq enfants) et les revenus sont insuffisants. En 1826, à l'âge de 10 ans, Paul entre comme interne au collège royal de Rennes (aujourd'hui, lycée Émile-Zola). Son père meurt l'année suivante. En troisième, au plus fort des troubles révolutionnaires de 1830, il affiche au collège des opinions monarchistes, déclenche des bagarres. Le proviseur le prie d'aller se calmer à la campagne. Il passe quelques mois chez son oncle, le comte Auguste de Foucher de Careil, au château de la Forêt-Neuve, en Glénac. Le séjour va le marquer profondément. Des conspirateurs s'assemblent la nuit au château, on fond des balles. Paul laisse son imagination s'enfiévrer, il ne rêve que batailles et massacres. Il entend des légendes macabres à la veillée, parcourt les landes, erre entre les marais, s'enfonce dans les brouillards, recueille des récits de la bouche d'anciens chouans de 1793... Il revient à Rennes en janvier 1831, et entre en classe de seconde. Il obtient son diplôme de bachelier en 1833. INTRODUCTION Je l'appellerai Fernand. Vous le connaissiez sous un autre nom. Un soir que j'étais assis au coin de sa grande cheminée, dans son cabinet de travail qui ressemblait au maître-salon d'un château d'autrefois, je regardais les robustes profils de son visage où les passions profondes et implacables de l'âge mûr mettaient de puissants reflets. Celui-là était une intelligence vaste, un esprit subtil, un bon coeur; celui-là vivait d'efforts et d'audace; sa plume était l'arme du chevalier aussi bien que l'outil de l'ouvrier penseur; celui-là était, dans toute la force du terme, un homme de lettres, c'est-à-dire un honnête homme, doué de facultés supérieures. Celui-là était mon maître; il me nommait son ami; j'étais tout jeune: je l'admirais et je l'adorais. Il méditait, ce soir-là; je l'écoutais penser. L'heure disait à la pendule les étapes de sa route. Les tilleuls du parc chantaient sous le baiser de la brise. La lampe répandait son huile goutte à goutte, et le piano lointain de Sophie bavardait je ne sais quelle douce chanson. Sophie avait seize ans. Elle ressemblait d'une façon si frappante au portrait de sa mère, que Fernand savait toujours où trouver le bienfait des larmes, aux heures d'amertume et de découragement: il n'avait qu'à regarder tour à tour le portrait et Sophie. Le portrait avait nom aussi Sophie. - À quoi songez-vous, maître ? demandai-je, car il ne fallait pas le laisser trop longtemps à ses rêves. Sa paupière se releva lentement. Il fixa sur moi son oeil loyal, où la souffrance de chaque jour avait mis, parmi tant d'éclairs de vaillance et de force, une nuance de plaintive résignation. - Il y a, me répondit-il, et je cherchais à exprimer cette vérité aussi nettement que je la conçois, il y a deux dons distincts au point de vue de la profession dont je meurs et dont vous voulez vivre: l'instinct et le savoir-faire, la passion et l'effort, la puissance infuse et la faculté conquise. - Le génie et le talent, voulus-je dire.
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