Bag om Le Gouslo et la poésie populaire des slaves
"... Au nombre des preuves du développement précoce de la poésie chez les Slaves du nord, il faut compter une curieuse anecdote byzantine qui montre de la façon la plus pittoresque comment vivaient sur la Baltique les premiers ancêtres des Polonais et des Russes. La neuvième année du règne de l'empereur Maurice (en 590), écrit Théophylacte, notre armée, étant occupée en Thrace des préparatifs d'une guerre contre les Avares, fit prisonniers trois inconnus qui, au lieu d'armes, portaient des guitares. Interrogés par l'empereur, qui voulut savoir de quelle nation ils étaient et ce qu'ils venaient faire en Grèce, ils répondirent qu'ils étaient des Slaves des bords de l'océan, que le khan des Avares avait obtenu de leurs princes la promesse d'un contingent de troupes auxiliaires contre les Grecs, mais qu'à cause de l'éloignement des lieux ces troupes n'ayant pu être envoyées, leurs princes, pour s'excuser, les avaient délégués tous les trois en qualité d'ambassadeurs auprès du roi des Avares; que ce roi, contrairement au droit des gens, voulait les retenir captifs; qu'en conséquence ils s'étaient évadés pour venir implorer l'hospitalité des Grecs. Ils ajoutèrent qu'ils étaient inhabiles au métier des armes, que leur pays ne produisait point de fer, et qu'on y vivait tranquille, préférant aux fanfares guerrières les sons paisibles de la guitare. Charmé de leurs récits, l'empereur s'éprit d'affection pour les trois députés slaves et pour leur race; il admira leur haute stature et les reçut familièrement à sa cour... ..."
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