Bag om Le Jardin des supplices
Ce roman, publié au plus fort de l'affaire Dreyfus, à la veille du procès d'Alfred Dreyfus à Rennes, résulte d'un bricolage de textes conçus indépendamment les uns des autres, à des époques différentes, en des styles différents et avec des personnages différents. On trouve tout d'abord des articles sur la loi du meurtre: ils constituent le Frontispice du roman, qui présente une discussion d'après-boire entre intellectuels positivistes. Puis vient En mission, première partie d'une narration orale intitulée Le Jardin des supplices: il s'agit d'une caricature grotesque des milieux politiques français de la Troisième République, où l'on voit l'anonyme narrateur, petit escroc de la politique devenu compromettant pour son ministre de tutelle, se faire envoyer à Ceylan sous le prétexte farcesque d'une mission d'embryologiste... Dans la troisième partie du roman (deuxième partie de cette narration, également intitulée Le Jardin des supplices), nous avons droit au récit d'une visite du bagne de Canton, sous la conduite d'une Anglaise sadique, perverse et hystérique, l'énigmatique et fascinante Clara, qui se fait conduire dans un bordel flottant, bateau de fleurs, où elle parvient à la petite mort, au terme de cette exploration des pires atrocités. Ce mélange des tons et les multiples transgressions des codes de vraisemblance, de crédibilité romanesque et de bienséance contribuent à brouiller les repères littéraires et éthiques des lecteurs et à les mettre mal à l'aise en les déconcertant.
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