Bag om Le Livre de Jade
La gloire des poètes, en Chine, ne se fonde pas comme chez les autres nations: plus lente à venir, elle y est plus juste aussi et infiniment plus durable. Jamais il n'est arrivé, dans cet antique empire, - sauf peut-être en des jours récents et sous l'influence étrangère, - qu'un poète ait eu l'outrecuidance de juger, lui-même, ses vers dignes d'être imprimés, et d'en former un recueil. Mais, dans une réunion de lettrés, par exemple, chacun, a tour de rôle, chante les vers qu'il a composés; il est écouté religieusement et si l'un des poèmes semble vraiment hors ligne, on demande à l'auteur la faveur de le copier. Ceux qui le gardent, sur leurs tablettes, le redisent dans d'autres milieux, permettent qu'il soit copié de nouveau, et ainsi, peu à peu, dans un cercle choisi, le nom du poète se diffuse comme un suave parfum...
Vis mere