Bag om Le Mythe de la femme et du serpent
"...Que les esprits timorés ne crient pas au matérialisme. La philosophie de grande critique ne connaît ni matérialisme ni spiritualisme; elle est positive et idéaliste, mais son positivisme est scientifique, et son idéalisme est rationnel, même dans ses abstractions les plus transcendantes. Cependant notre travail n'a pas pour but l'obtention d'un résultat abstrait. La scène où la légende place les conditions de ce qu'on a appelé la chute (et le mot que Platon a inventé est acceptable même en science), cette scène, puisqu'elle est censée se passer dans un milieu terrestre nettement déterminé, nous impose un problème historique, préhistorique si l'on veut, et nous en avons trouvé la solution dans le fait de l'idolâtrie. Jusqu'ici on n'avait pas dit le fin mot de l'idolâtrie; on en avait indiqué le motif dans des causes extérieures à l'homme, dans des causes pour ainsi dire accidentelles. J'espère que mon étude montrera que l'idolâtrie est en son origine un acte de détermination psychique et, à vrai dire, volontaire de l'homme. L'homme, arrivé à un certain moment de son évolution, a voulu être démiurge; il a voulu être semblable à la fonction souveraine de la nature; il a voulu créer et, par suite, s'adorer lui-même ou s'adorer dans son oeuvre. C'est, du reste, ce qu'il veut encore et toujours, quels que soient les déguisements sous lesquels la réflexion et les convenances le poussent à cacher cette infirmité héréditaire. Le caractère profondément anthropomorphique de toutes les religions le démontre sans réplique. Toujours et partout l'homme adore un dieu fait à son image et à sa ressemblance. La morale seule est divine, mais personne ne la suit..."
Vis mere