Bag om Le passe
I La main de Sylvain Marsac n'était pas tout à fait aussi assurée que de coutume, lorsqu'il poussa la porte vitrée du vestibule qui conduisait au grand escalier. Sous son tapis sombre, aux couleurs fondues, l'escalier lui-même était-il plus rude à monter que les autres jours ? Le timbre de la porte aux vantaux sculptés lui brûlait-il les doigts, qu'il se reprit à deux fois avant de le faire résonner ? Une telle hésitation était rare chez Sylvain, et lui-même semblait s'en trouver décontenancé. Cet homme de quarante ans, - peut-être un peu plus, - bronzé par tous les soleils, aguerri à toutes les difficultés d'une vie périlleuse, n'était pas familier avec le doute et la timidité; ceux-ci étaient des ennemis que le voyageur n'avait guère rencontrés. Un instant, il fut pourtant sut le point de rebrousser chemin, mais il se raidit, et ses épais sourcils se froncèrent. - J'ai promis, dit-il presque tout haut. Il se découvrit, passa la main sur la forêt de cheveux drus et grisonnants qui couronnait son large front, remit son chapeau et sonna. Le valet qui ouvrit le salua respectueusement, avec la nuance de bienséante familiarité permise à un vieux serviteur envers un hôte qui vient tous les jours. Sylvain Marsac lui donna son pardessus et passa outre, en homme sûr d'être bien accueilli.
Vis mere