Bag om Le Philosophe allemand Jacob Boehme
" Ce n'est pas l'usage, même en Allemagne, d'assigner au cordonnier théosophe de la Renaissance, Jacob Boehme, une place importante dans l'histoire de la philosophie. On reconnaît en lui, avec Hegel, un esprit puissant; mais, quand on accorde que de son oeuvre obscure et confuse se dégage un certain nombre de doctrines à peu près saisissables pour l'intelligence, on range ces doctrines du côté de la théologie et de l'édification chrétienne, plutôt qu'on n'y voit des monuments de la science profane et rationnelle. Une telle appréciation est naturelle en France, où la philosophie, selon l'esprit de Descartes, relève surtout de l'entendement et se défie de tout ce qui ressemble au mysticisme. Mais en Allemagne la philosophie n'a pas revêtu d'une façon aussi constante la forme rationaliste. À côté de la lignée des Leibnitz, des Kant, des Fichte et des Hegel, qui sont comme les scolastiques de l'Allemagne moderne, il y a la série des philosophes de la croyance, de la religion ou du sentiment: les Hamann, les Herder, les Jacobi, le Schelling théosophe, et l'illustre philosophe chrétien Franz von Baader. Ceux-ci sont, en face de ceux-là, les dissidents mystiques, comme jadis les Eckhart et les Tauler en face du rationalisme thomiste. Et même les philosophes allemands de la réflexion et du concept, les Kant et les Hegel, si l'on considère le fond et l'esprit de leur doctrine, et non la forme sous laquelle ils l'exposent, sont moins exempts de mysticisme et de théosophie qu'il ne semble et qu'ils ne le disent..."
Vis mere