Bag om Le Tempérament physique et moral d'après la biologie contemporaine
Les écrivains à qui l'on a donné le nom de moralistes et qui ont peint des caractères n'ont guère fait porter leurs observations, si fines et parfois si profondes, que sur l'homme en société. On a remarqué avec raison le fond social de la littérature, principalement en France: elle roule presque tout entière sur les rapports des hommes au sein du groupe dont ils font partie. La plupart des charmants tableaux de La Bruyère, par exemple, sont-ils autre chose que des portraits sociaux, tracés de main de maître, et peut-on dire qu'ils expriment de véritables caractères ? - Giton a le teint frais, l'oeil fixe et assuré, il parle avec confiance... il est riche. - Phédon a les yeux creux... il semble craindre de fouler la terre, il marche les yeux baissés, etc.; il est pauvre. C'est donc la hardiesse et la timidité résultant de la condition sociale que le grand peintre nous représente. J'entends Théodecte de l'antichambre; il grossit sa voix. Arrias a tout lu, a tout vu, il veut le persuader ainsi... Troïle est utile à ceux qui ont trop de bien, il leur ôte l'embarras du superflu, il sauve la peine d'amasser de l'argent, etc. Nous sommes à la ville, à la cour, parmi les importants, les impudents, les flatteurs, les parasites, les bavards, les hypocrites, les beaux esprits ou les sots; ce sont moins de vrais caractères que des masques: c'est le paraître plus que l'être. Surtout, où est l'être organique ? Descartes presque seul, avec son disciple Malebranche, y chercha l'origine profonde des passions et des moeurs...
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