Bag om L'Erreur du XVIIIe siècle
Quand je dis l'Erreur du XVIIIe siècle, il en a certes commis plus d'une, dont nous portons encore la peine, et qu'il y a lieu de craindre que l'avenir ne répare jamais. Dans l'histoire des peuples, il y a des erreurs irréparables, comme dans l'histoire des individus, et ce ne sont toujours ni les plus apparentes ni celles qu'on se reproche le plus: il arrive même quelquefois que l'on s'en fasse gloire! Mais l'erreur que je veux dire, et que je considère comme l'une des plus graves, - parce qu'après les avoir engendrées, c'est elle qui commande la plupart des autres, - est celle qu'Auguste Comte a dénoncée jadis, dans un passage de son Cours de philosophie positive, que j'avais récemment l'occasion de citer, et dont je voudrais mettre aujourd'hui l'importance en lumière. Il y a plus de choses qu'on ne le croit dans la philosophie d'Auguste Comte: il y a surtout plus de lecture, plus d'érudition, plus de connaissances précises et concrètes que n'y en ont su discerner quelques-uns de ses critiques. M. Comte n'entend rien aux sciences de l'humanité, parce qu'il n'est pas philologue: c'est une phrase d'Ernest Renan, qui faisait infiniment moins de cas de M. Comte que de Victor Cousin. Je voudrais montrer ce qu'il y a d'injuste dans ce jugement; et, pour le montrer d'une manière qui n'ait rien de philologique, je voudrais montrer de quelle vive lumière les affirma lions générales et prétendues a priori du philosophe éclairent dans leurs profondeurs quelques-unes des réalités de l'histoire des idées...
Vis mere