Bag om Les Aveux d'un poète
J'ai donné dans le livre de l'Allemagne une suite de monographies sur les principaux poètes romantiques de mon pays, et j'aurais dû l'ajouter mon propre portrait. En ne le faisant pas, j'y ai laissé une lacune à laquelle je ne saurais remédier aisément. Faire moi-même ce portrait, ce serait tenter un travail non-seulement scabreux, mais impossible. Je serais un fat, si j'étalais amplement le bien que je pourrais dire de moi, et je serais un grand sot, si j'exposais aux yeux de tout le monde les défauts que je me connais peut-être aussi parfaitement. Et puis, avec la meilleure volonté d'être sincère, personne ne peut dire la vérité sur son propre compte. Jusqu'à présent, nul n'y a réussi, ni saint Augustin, le pieux évêque d'Hippone, ni le Genevois Jean-Jacques Rousseau, surtout ce dernier, qui, tout en s'appelant l'homme de la vérité et de la nature, n'était au fond pas moins menteur et dénaturé que les autres. Rousseau est trop fier pour s'attribuer faussement de bonnes qualités ou de belles actions; il invente plutôt les choses les plus affreuses pour son caractère...
Vis mere