Bag om Les orages de la vie
Extrait Chapitre 1 Ouverture. C'était un désoeuvré. L'épithète équivaut à une biographie, ou tout au moins à plusieurs pages de détails. Outre un revenu d'une dizaine de mille francs, il devait un jour hériter de sa mère, Mme veuve Marcille, et de deux oncles maternels, l'un est commandant de cavalerie, l'autre procureur général, tous deux garçons et fort riches. Élevé dans le respect des traditions et des conventions humaines, il ne semblait pas que ses actions dussent jamais sortir des bornes que lui avait tracées l'éducation. L'étonnement, on le conçoit, n'en serait que plus vif s'il arrivait qu'il fût condamné à être l'occasion d'un scandale. Depuis quelque temps déjà, il était l'objet d'un bruit qui prenait chaque jour plus de consistance. Lui, Marcille, tenant aux premières familles de l'endroit par les alliances, et pouvant, par sa fortune, aspirer à la main des plus riches héritières, avait, prétendait-on, promis le mariage à une jeune fille obligée de travailler pour vivre. On la nommait Thérèse Lemajeur. Elle s'occupait de lingerie et raccommodait les dentelles. Sa mère, depuis longtemps veuve, femme mélancolique, moins vieille qu'il ne semblait, avait eu des revers de fortune. La médisance s'était déjà à satiété amusée de ces détails, que Mme Marcille les ignorait encore absolument. Son amie la plus intime, Mme Adélaïde Granger, se décidait un matin à venir les lui apprendre. De même que Mme Marcille n'avait qu'un fils, Mme Granger n'avait qu'une fille, et les deux amies, dans leur intimité constante, s'étaient plu à convenir toujours plus sérieusement de marier Eugène Marcille à la vive et spirituelle Cornélie. Au bruit, qui circulait, Mme Granger ne pouvait donc manquer de s'émouvoir. Mme Marcille, au contraire, se crut fondée à y opposer une incrédulité dédaigneuse.
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