Bag om Les Premiers romantiques allemands
... Je ne rangerais pourtant pas Tieck parmi les plus originaux des romantiques. Par ordre de date, il est le premier; mais il n'est ni le plus vigoureux de nature, ni le plus ferme en ses convictions. Tour à tour, on le voit obéir aux influences les plus diverses. La plasticité un peu molle de son talent lui permet (comme il arrive aux femmes) de rester à peu près lui-même dans différents genres, tout en laissant voir quel esprit domine le sien pour le moment. Tantôt il se laisse embaucher par la Bibliothèque allemande universelle; il y travaille assez longtemps, sans s'apercevoir qu'on y aime ce qu'il hait, qu'on y hait ce qu'il aime, et que c'est le dernier endroit où un homme comme lui eût dû se fourvoyer. Tantôt il est séduit par le charme pénétrant de Wackenroder, son ami et son camarade d'enfance: il l'encourage à vaincre sa timidité, il le décide à écrire, et il collabore avec lui de si bon coeur qu'il est difficile de distinguer, dans les Fantaisies sur l'art, les morceaux qui sont de l'un ou de l'autre auteur. Bientôt les Schlegel l'attireront à eux, puis ce sera Novalis, et, dans ses dernières oeuvres, il reviendra à Goethe...
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