Bag om Mémoire sur le sucre de betterave
" La fin du dix-huitième siècle et les premières années du dix-neuvième formeront une époque mémorable dans les Annales de l'industrie française. La plupart des événements extraordinaires qui se sont succédés ont concouru à favoriser les progrès de nos arts. La France, privée de ses colonies, bloquée sur toutes ses frontières, s'est vue réduite à ses propres forces; et, en mettant à contribution les lumières de ses habitants et les productions de son sol, elle est parvenue à satisfaire à tous ses besoins, à créer des arts qui n'existaient pas, à perfectionner ceux qui étaient connus, et à s'affranchir des pays étrangers pour la plupart des objets de sa consommation. C'est ainsi que nous avons vu successivement perfectionné le raffinage du salpêtre, la fabrication des armes et de la poudre, le tannage des cuirs, la filature du coton, de la laine et du lin; améliorer le tissage des étoffes, et en exécuter plusieurs qui nous étaient inconnus; décomposer le sel marin pour en extraire la soude; former, de toutes pièces, l'alun et les couperoses; fixer sur les tissus plusieurs couleurs qu'on regardait comme faux teint, et remplacer le sucre de canne par celui de betterave, l'indigo de l'anil par celui du pastel, et l'écarlate de cochenille par la garance. On eût dit que les savants détournaient leur attention de dessus les misères publiques, pour ne la fixer que sur les moyens de soulager le peuple et d'alléger le fardeau de son infortune..."
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