Bag om Pêcheurs d'Islande
Texte original. "Ils etaient cinq, aux carrures terribles, accoudes a boire, dans une sorte de logis sombre qui sentait la saumure et la mer. Le gite, trop bas pour leurs tailles, s'effilait par un bout, comme l'interieur d'une grande mouette videe; il oscillait faiblement, en rendant une plainte monotone, avec une lenteur de sommeil. Dehors, ce devait etre la mer et la nuit, mais on n'en savait trop rien: une seule ouverture coupee dans le plafond etait fermee par un couvercle en bois, et c'etait une vieille lampe suspendue qui les eclairait en vacillant. Il y avait du feu dans un fourneau; leurs vetements mouilles sechaient, en repandant de la vapeur qui se melait aux fumees de leurs pipes de terre. Leur table massive occupait toute leur demeure; elle en prenait tres exactement la forme, et il restait juste de quoi se couler autour pour s'asseoir sur des caissons etroits scelles au murailles de chene. De grosses poutres passaient au-dessus d'eux, presque a toucher leurs tetes; et, derriere leurs dos, des couchettes qui semblaient creusees dans l'epaisseur de la charpente s'ouvraient comme les niches d'un caveau pour mettre les morts. Toutes ces boiseries etaient grossieres et frustes, impregnees d'humidite et de sel; usees, polies par les frottements de leurs mains."
Vis mere