Bag om Pierre et Camille
Le chevalier des Arcis, officier de cavalerie, avait quitté le service en 1760. Bien qüil fût jeune encore, et que sa fortune lui permît de paraître avantageusement à la cour, il s¿était lassé de bonne heure de la vie de garçon et des plaisirs de Paris. Il se retira près du Mans, dans une jolie maison de campagne. Là, au bout de peu de temps, la solitude, qui lui avait d¿abord été agréable, lui sembla pénible. Il sentit qüil lui était difficile de rompre tout à coup avec les habitudes de sa jeunesse. Il ne se repentit pas d¿avoir quitté le monde ; mais, ne pouvant se résoudre à vivre seul, il prit le parti de se marier, et de trouver, s¿il était possible, une femme qui partageât son goût pour le repos et pour la vie sédentaire qüil était décidé à mener.
Il ne voulait point que sa femme fût belle ; il ne la voulait pas laide, non plus; il désirait qüelle eût de l¿instruction et de l¿intelligence, avec le moins d¿esprit possible ; ce qüil recherchait par-dessus tout, c¿était de la gaieté et une humeur égale, qüil regardait, dans une femme, comme les premières des qualités.
La fille d¿un négociant retiré, qui demeurait dans le voisinage, lui plut. Comme le chevalier ne dépendait de personne, il ne s¿arrêta pas à la distance qüil y avait entre un gentilhomme et la fille d¿un marchand. Il adressa à la famille une demande qui fut accueillie avec empressement. Il fit sa cour pendant quelques mois, et le mariage fut conclu.
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