Bag om Quatre mois en Russie pendant la guerre
" ... Nous débarquions à Bergen, à la fin du mois de janvier, quelques jours après qu'un incendie avait ravagé la ville. Les décombres fumaient encore. Pourtant la tristesse de cette catastrophe n'empêchait pas qu'on ressentît comme une étrange impression: celle d'entrer dans un monde qu'on aurait connu autrefois, celle de revoir des spectacles disparus. Des sensations abolies se levaient du fond de la mémoire. En vérité, c'était comme un fantastique conte du Nord... Nous commencions à oublier ce que c'est qu'un peuple qui vit en paix. En France et aux portes de la France, tout évoque la pensée de la guerre. La Suisse elle-même a mobilisé, et nous y avions retrouvé, quelques mois plus tôt, l'appareil militaire, des armes, des uniformes, la voie ferrée gardée, les frontières défendues et soumises à une stricte surveillance. Mais Londres plein de soldats, Hyde Park devenu Champ-de-Mars, la libre Angleterre au régime des passeports et de la fouille, n'était-ce pas, quand on se rappelait le passé, quelque chose de plus surprenant encore ? C'est pourquoi l'on se trouvait reporté à des temps lointains, on serait tenté de dire à un autre âge, en pénétrant dans cette laborieuse Norvège et dans son atmosphère de tranquillité et de détente. Presque seul, le royaume des fjords peut se dire à l'abri des tempêtes qui assaillent le restant du monde européen. Il n'en reçoit que les dernières ondes, celles, surtout, qui viennent émouvoir ses sympathies. A ses portes, déjà, la guerre donne un ébranlement plus fort..."
Vis mere