Bag om Récits enfantins
Souvent, chers enfants, j'aime à oublier le nombre déjà grand de mes années; je crois être encore à votre âge... Alors je me revois tout petit, le soir par exemple, assis près du foyer qui flambe, attentif aux récits d'une jeune et bonne tante que j'avais, qui, tout en tricotant, me disait, de sa voix fraîche et claire, les contes merveilleux dont sa mémoire était peuplée. Elle est devant moi, l'aimable conteuse: dans ses minces doigts qui remuent, les broches d'acier brillent; son doux visage reçoit les vives lueurs de l'âtre où les tisons gémissent; le fond de la chambre est noir, et sur cette ombre il me semble apercevoir, légèrement éclairés, tous les êtres de ses contes; et, selon ce qu'ils sont, ce qu'ils font, ce qu'ils disent, je me sens pour eux de l'amour ou de l'aversion; je souris ou je suis ému, je m'attriste ou je bats des mains... Parfois aussi, quand, par la mémoire, je me rajeunis de la sorte, je rencontre des souvenirs d'histoires vraies qui aussi m'attristent ou m'égayent... Un jour donc que j'avais essayé de noter quelques-uns de ces souvenirs qui m'avaient charmé, et de transcrire quelques-uns de ces contes, il m'arriva d'avoir fait ce livre. Alors je résolus de vous l'offrir; parce que, si mon livre vous plaît, vous m'aimerez un peu, - moi qui vous aime beaucoup. Laissez-moi donc espérer que mon livre vous plaira.
Vis mere