Bag om Saint Anselme de Cantorbéry
Dans un pays qui n'a pas cessé d'aimer l'esprit et d'être sensible à l'élégance, il est impossible qu'un ouvrage de M. de Rémusat, si sérieuse qu'en soit la matière, n'excite pas un vif intérêt. L'historien d'Abélard sait pourtant comme nous qu'il a deux sortes de lecteurs, les uns qui, après avoir suivi avec émotion les aventures de l'amant d'Héloïse et admiré le tableau déjà plus sévère des grands combats de l'adversaire de saint Bernard, ont fermé le livre sans aller plus avant; les autres, qui n'ont pas craint de s'engager dans la querelle des réaux et des nominaux, et d'accompagner le rival de Guillaume de Champeaux, le maître Pierre, depuis l'école de la cathédrale et la montagne Sainte-Geneviève jusqu'à l'abbaye de Cluny. Si ces lecteurs curieux et fidèles, qui comptent depuis longtemps M. de Rémusat parmi les maîtres de la critique philosophique et savent qu'on peut cultiver la métaphysique avec passion sans cesser d'être un esprit des plus délicats et un de nos plus brillants écrivains, si ces lecteurs me demandaient quel genre d'attrait peut présenter une étude sur saint Anselme, je n'éprouverais pas le moindre embarras. Il me suffirait de leur dire que saint Anselme, comme théologien, n'a d'égal au moyen âge que saint Thomas...
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