Bag om Sonia
I On demande un étudiant pour passer l'été dans une famille, à la campagne. Pour les conditions, s'adresser à madame la générale Goréline, à la Tverskaïa, maison Mialof, à Moscou. - Pourquoi pas ? se dit Boris Grébof en repliant le journal où il venait de lire cette annonce. Pourquoi pas là aussi bien qu'ailleurs ? Il faudra toujours commencer par un bout, autant vaut aujourd'hui que demain. Il se leva, passa son léger paletot de printemps, et sortit pour tenter la fortune. On n'aurait pu l'accuser de mettre trop d'empressement à cette démarche: il s'en allait d'un air nonchalant en regardant à droite et à gauche. La Tverskaïa était loin de chez lui; pour s'y rendre, il avait à traverser toute la ville chinoise, ce bazar pittoresque de Moscou, plus semblable à une ville byzantine du moyen âge qu'à un quartier de capitale au dix-neuvième siècle. Il s'arrêtait partout, prêt à rebrousser chemin sous le plus léger prétexte. La destinée ne fournit pas l'ombre d'une excuse à son indécision, et il arriva devant la porte de la générale Goréline sans avoir trouvé moyen de reculer. Il entra. Au bruit que fit, en retombant, la double porte vitrée, un suisse vêtu d'un uniforme vert très râpé, orné de galons jaunes très graisseux, émergea d'une petite niche placée en sous-sol. Une forte odeur de soupe maigre, aux choux aigris et aux champignons secs, accompagna cette apparition.
Vis mere