Bag om Sur la pierre blanche
Extrait: ...qui enseignent la philosophie independante et le spiritualisme chretien. Par la liberte de l'esprit, par la fermete de l'intelligence, il semble notre contemporain. Sa pensee se tourne naturellement dans la direction que l'esprit humain suit a cette heure. Ne disons donc pas qu'il meconnaissait l'avenir intellectuel de l'humanite. Quant a saint Paul, il annoncait l'avenir, personne n'en doute. Pourtant il s'attendait a voir de ses yeux le monde finir, et toutes les choses existantes abimees dans les flammes. Cette conflagration de l'univers que Gallion et les stoiciens prevoyaient dans un avenir si lointain, qu'ils n'en annoncaient pas moins l'eternite de l'Empire, Paul la croyait toute proche et se preparait a ce grand jour. En cela il se trompait et cette erreur est plus grosse a elle seule, vous en conviendrez, que toutes les erreurs reunies de Gallion et de ses amis. Ce qui est plus grave encore, c'est que Paul n'appuyait cette extraordinaire croyance sur aucune observation, sur aucun raisonnement. Il ignorait et meprisait la science. Il se livrait aux plus basses pratiques de la thaumaturgie et de la glossolalie, il n'avait de culture d'aucune sorte. En realite, sur l'avenir comme sur le present et sur le passe, le proconsul n'avait rien a apprendre de l'apotre, rien qu'un nom. Il aurait su que Paul etait de la religion du Christ qu'il n'en aurait pas ete pour cela mieux instruit de l'avenir du christianisme qui devait en peu d'annees se degager a peu pres entierement des idees de Paul et des premiers hommes apostoliques. En sorte que, si l'on ne s'arrete pas a des textes liturgiques, depouilles de leur sens primitif, et aux constructions purement verbales des theologiens, on s'apercevra que saint Paul prevoyait moins bien l'avenir que Gallion et l'on supposera que l'apotre, s'il revenait aujourd'hui a Rome, y eprouverait plus de surprise que le proconsul. Saint Paul, dans la Rome moderne, ne...
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