Bag om Voyage à la Nouvelle-Grenade
"... Roulé dans une voile et le front caressé par le vent léger qui effleurait la mer, j'attendais, sur le gaillard d'avant du steamer Philadelphia, que les premières lueurs de l'aube éclairassent les montagnes de Portobello. Depuis quelques heures déjà, mes yeux étaient fixés à travers l'obscurité sur l'horizon noir, çà et là constellé; enfin les étoiles s'éteignirent l'une après l'autre, le vague scintillement de la voie lactée s'effaça, et le reflet de l'aurore se déploya du côté de l'occident comme une vaste tente blanche au-dessus des montagnes. La masse des sierras était encore plongée dans l'ombre, mais graduellement la lumière descendit le long des versants et colora d'une teinté d'azur les cimes les plus lointaines, montrant sur les escarpements plus rapprochés les forêts étalées comme un splendide manteau de verdure, et mêlant quelques lueurs roses à la couche des brouillards qui reposaient au-dessus du rivage entre la mer et le pied des collines. Bientôt ce voile de vapeurs se déchira, dispersa ses lambeaux au hasard autour des récifs et sur la surface des flots, et nous pûmes voir la vaste baie d'Aspinwall ou Navy-Bay mollement épanouie entre les deux promontoires verdoyants de Onagres et de Limon. En même temps, les rayons du soleil levant glissèrent obliquement sur les vagues, et, ne frappant que leurs crêtes, changèrent en une longue ligne d'or la blanche écume qui bordait les quais d'Aspinwall..."
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