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La grande Fete

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Extrait OÙ CELA MÈNE La voilà bien, la vanité humaine! Ah! que la voilà bien! Shakespeare. C'était l'autre soir au café Anglais - un dîner un peu triste, car il s'agissait de faire nous adieux à Isidore Boujard, ruiné en un rien de temps par Sylvia de Frosnes, après avoir été pendant près de deux années un de nos plus joyeux compagnons de fête. - Alors, demanda l'un de nous c'est décidé, vous partez pour San Francisco? - Oui, mon bon. Je vais essayer là-bas je ne sais quel commerce de vente de boeufs et de chevaux avec les quelques billets de mille francs - une dizaine pas plus - qui restent des six millions laissés par papa Boujard. Ah! ça a vite filé. - Mais, objecta Berthecourt, expliquez-nous un peu ce coup de folie. Sylvia est agréable sans doute... cependant, saperlipopette, six millions, c'est une somme. - Ah! mes amis, c'est que vous ne connaissez pas la puissance de l'amour-propre, de la vanité chatouillée au bon endroit. Je pourrais commencer mon histoire par la phrase classique: Né d'une naissance obscure, et ces quatre mots seraient l'explication de tout mon roman. - Explique-toi. - Oh! c'est bien simple. Vous autres vous avez eu la chance de naître avec un nom, un titre, ou tout au moins une excellente position sociale. Moi, j'étais simplement Boujard, Isidore Boujard, fils et successeur de François Boujard, inventeur du sommier automatique - une invention merveilleuse qui avait permis au papa de me laisser une fortune considérable. Aussi, dès que j'atteignis vingt et un ans, je n'eus rien de plus pressé que de vendre la boîte à papa, ce qui était une grosse faute, de réaliser mon avoir, et de me lancer dans ce qui s'appelle la grande vie. Que voulez-vous? À cet âge-là, tout le monde ne peut pas se faire fourrer à la Conciergerie. On se montra très aimable pour moi, je fus bien accueilli, et vous-mêmes, mes amis, qui êtes ici réunis ce soir pour me faire gentiment vos adieux, vous n'y seriez peut-être pas si j'avais continué le négoce paternel... mais là n'est pas la question. Tout cela c'est seulement pour vous expliquer mon émotion très naïve, très sincère lorsque certain soir à minuit je fus autorisé à franchir le seuil du coquet petit hôtel que Sylvia de Fresnes occupait rue de Bassano. En dépit de mes millions je me sentais un peu intimidé à l'idée de posséder enfin cette hétaïre de grande marque qui frayait sur un pied d'égalité hautaine avec les princes et même avec les têtes couronnées. Précédé par la camériste anglaise, très correcte avec son col droit et ses bandeaux tout plats à la vierge, je soulevai une portière en cachemire de l'Inde fond bleu turquoise, richement brodée d'argent, et je me trouvai dans un boudoir tout tendu d'une soierie crème tissée d'or. Et ma vue ravie allait d'un petit bureau régence en bois de violette, avec écoinçons et moulures, à l'armoire à trois portes garnies de glaces biseautés, avec colonnes détachées et fronton à feston de rubans. Et la chaise basse en satin bleu saphir, orné de riches broderies, travail ancien et réappliqué! Et le chiffonnier en bois laqué blanc, avec filets verts, et, dans un coin, le vaste lit de repos recouvert d'une tenture de peluche orientale, avec des multitudes de coussins gaînés de peluche rouge! Et surtout, sur la table-duchesse, le nécessaire de voyage, composé de quarante-deux pièces en vermeil ciselé et gravé, enrichi de plaques portant fièrement la devise de Sylvia: Ceinture dorée vaut mieux que bonne renommée! - Monsieur peut faire sa toilette ici; madame l'attend dans sa chambre à coucher. Mais, auparavant, monsieur désire-t-il, pour la nuit, une des chemises de monseigneur? - Oui, s'il vous plaît, répondis-je d'un air détaché.

Vis mere
  • Sprog:
  • Fransk
  • ISBN:
  • 9781517353964
  • Indbinding:
  • Paperback
  • Sideantal:
  • 182
  • Udgivet:
  • 15. september 2015
  • Størrelse:
  • 152x229x10 mm.
  • Vægt:
  • 249 g.
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Beskrivelse af La grande Fete

Extrait OÙ CELA MÈNE La voilà bien, la vanité humaine! Ah! que la voilà bien! Shakespeare. C'était l'autre soir au café Anglais - un dîner un peu triste, car il s'agissait de faire nous adieux à Isidore Boujard, ruiné en un rien de temps par Sylvia de Frosnes, après avoir été pendant près de deux années un de nos plus joyeux compagnons de fête. - Alors, demanda l'un de nous c'est décidé, vous partez pour San Francisco? - Oui, mon bon. Je vais essayer là-bas je ne sais quel commerce de vente de boeufs et de chevaux avec les quelques billets de mille francs - une dizaine pas plus - qui restent des six millions laissés par papa Boujard. Ah! ça a vite filé. - Mais, objecta Berthecourt, expliquez-nous un peu ce coup de folie. Sylvia est agréable sans doute... cependant, saperlipopette, six millions, c'est une somme. - Ah! mes amis, c'est que vous ne connaissez pas la puissance de l'amour-propre, de la vanité chatouillée au bon endroit. Je pourrais commencer mon histoire par la phrase classique: Né d'une naissance obscure, et ces quatre mots seraient l'explication de tout mon roman. - Explique-toi. - Oh! c'est bien simple. Vous autres vous avez eu la chance de naître avec un nom, un titre, ou tout au moins une excellente position sociale. Moi, j'étais simplement Boujard, Isidore Boujard, fils et successeur de François Boujard, inventeur du sommier automatique - une invention merveilleuse qui avait permis au papa de me laisser une fortune considérable. Aussi, dès que j'atteignis vingt et un ans, je n'eus rien de plus pressé que de vendre la boîte à papa, ce qui était une grosse faute, de réaliser mon avoir, et de me lancer dans ce qui s'appelle la grande vie. Que voulez-vous? À cet âge-là, tout le monde ne peut pas se faire fourrer à la Conciergerie. On se montra très aimable pour moi, je fus bien accueilli, et vous-mêmes, mes amis, qui êtes ici réunis ce soir pour me faire gentiment vos adieux, vous n'y seriez peut-être pas si j'avais continué le négoce paternel... mais là n'est pas la question. Tout cela c'est seulement pour vous expliquer mon émotion très naïve, très sincère lorsque certain soir à minuit je fus autorisé à franchir le seuil du coquet petit hôtel que Sylvia de Fresnes occupait rue de Bassano. En dépit de mes millions je me sentais un peu intimidé à l'idée de posséder enfin cette hétaïre de grande marque qui frayait sur un pied d'égalité hautaine avec les princes et même avec les têtes couronnées. Précédé par la camériste anglaise, très correcte avec son col droit et ses bandeaux tout plats à la vierge, je soulevai une portière en cachemire de l'Inde fond bleu turquoise, richement brodée d'argent, et je me trouvai dans un boudoir tout tendu d'une soierie crème tissée d'or. Et ma vue ravie allait d'un petit bureau régence en bois de violette, avec écoinçons et moulures, à l'armoire à trois portes garnies de glaces biseautés, avec colonnes détachées et fronton à feston de rubans. Et la chaise basse en satin bleu saphir, orné de riches broderies, travail ancien et réappliqué! Et le chiffonnier en bois laqué blanc, avec filets verts, et, dans un coin, le vaste lit de repos recouvert d'une tenture de peluche orientale, avec des multitudes de coussins gaînés de peluche rouge! Et surtout, sur la table-duchesse, le nécessaire de voyage, composé de quarante-deux pièces en vermeil ciselé et gravé, enrichi de plaques portant fièrement la devise de Sylvia: Ceinture dorée vaut mieux que bonne renommée! - Monsieur peut faire sa toilette ici; madame l'attend dans sa chambre à coucher. Mais, auparavant, monsieur désire-t-il, pour la nuit, une des chemises de monseigneur? - Oui, s'il vous plaît, répondis-je d'un air détaché.

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