Bag om LE CHEMIN DU PARADIS
Avant d¿introduire Gabriel et le petit Charles au bureau arabe,
il est nécessaire de savoir de quelle façon Mathilde était entrée chez
madame de Winzelles, et comment elle se trouvait sa compagne de
voyage dans l¿excursion de cette dernière en Afrique. Une fois
chassée, ¿ pourquoi ne pas employer le véritable mot ? ¿ une fois
chassée de chez la grue, Mathilde était restée deux ou trois jours
dans un état d¿atonie, de prostration qui ne lui permettait pas de
prendre un parti ; et cependant, en ce moment comme dans
beaucoup d¿autres de sa vie, l¿argent n¿abondait pas dans la pauvre
famille. ¿ La mère de Mathilde n¿osait lui rappeler que l¿instant
n¿était pas éloigné où le pain manquerait à la huche. Elle souffrait
des souffrances de sa fille et, pour rien au monde, elle n¿aurait voulu
lui faire sentir l¿horreur de leur détresse. Madame Houlot adorait
Mathilde et eût volontiers tiré la corde si l¿on avait pendu Hélène et
les Daguet de compagnie ; mais sa nature annihilée par la misère,
abrutie, pour ainsi dire par une vie de luttes, d¿humiliations
incessantes, ne lui permettait pas non plus de trouver des paroles de
consolation suffisantes à l¿immense douleur de Mathilde. Peut-être
se repentait-elle au fond du c¿ur d¿avoir refusé Gabriel pour
gendre. ¿ Mais, en tout cas, se disait-elle, il est trop tard maintenant !
¿ il est trop tard ! mot nouveau pour bien des gens, mais qüil est
difficile de ne pas prononcer souvent dans cette vie de doute
perpétuel et de déceptions sans fin !
Vis mere