Bag om LE PRINCE DE JÉRICHO
La beauté de Nathalie Manolsen provenait autant de la perfection absolue de ses traits que de leur expression même. Elle était altière et séduisante. Elle forçait l¿admiration sans la chercher. Aucune coquetterie, mais cet épanouissement harmonieux de l¿être qui plaît. Aucune pose, mais de la fierté et de la noblesse qui donnaient du relief à une allure toujours simple et naturelle. Les cheveux semblaient châtains ou blonds selon les reflets de la lumière. De beaux yeux bleus.
Orpheline de mère, et française par elle, elle avait été livrée, tout enfant, aux soins des gouvernantes et des institutrices, tandis que son père voyageait sans répit. M. Manolsen, suédois d¿origine, américain de naissance, était un de ces amoureux de la France qui eurent la gentillesse, durant la période d¿inflation, de la soulager d¿un tas de choses inutiles, tableaux, ¿uvres d¿art, antiquités, pièces d¿or. Ses agents récoltaient tout cela pêle-mêle et l¿expédiaient aux États-unis. Honnête homme d¿ailleurs, mais de c¿ur sec, il s¿occupait peu de sa fille et ne la voyait qüà de longs intervalles, au hasard de ses voyages.
Un jour, il l¿avait emmenée sur son yacht jusqüà Naples où elle resta trois semaines près de lui, avant qüil ne s¿embarquât pour la Sicile. Quinze jours plus tard, à Paris, elle apprenait qüil était mort d¿une insolation, aux environs de Palerme.
Vis mere