Bag om MÉMOIRES INÉDITS DE MADEMOISELLE GEORGE
Le Journal de Bayeux indique et donne les détails de ma naissance
assez originale. Sortie de Bayeux à l'âge de dix mois en compagnie
d'une belle et fraîche nourrice normande, nommée Marianne; mon
père et ma mère vinrent à Amiens, mon père comme chef
d'orchestre, ma mère pour y jouer l'emploi des soubrettes, et mon
frère Charles qui, à cinq ans, raclait du violon! Toute petite, on me
trouvait, dit-on, assez bien; ma nourrice, fière de son nourrisson,
cédait facilement aux instances des premières grandes dames de la
ville, qui voulaient avoir tous les jours la petite Mimi, et la
comblaient de petits bonnets, etc., la nourrice n'était pas oubliée, ce
qui la rendait très docile, et ne se trouvait nullement fatiguée d'avoir
tout le jour sur les bras son gros enfant! Arrivée à l'âge de cinq ans,
on découvrit en moi quelques dispositions; j'avais déjà une jolie
voix, j'étais musicienne par instinct. Comment ne l'aurais-je pas été?
mon père Allemand et grand musicien, mon frère ne s'occupant que
de son violon; j'étais toujours à chanter et à taper une mauvaise
épinette qui me préparait au piano. On faisait peu d'argent au
théâtre, mon pauvre père était désolé; il lui vint l'idée de
m'apprendre à chanter le rôle de Perrette dans la Petite Victoire,
opéra en un acte. Il fut si heureux de voir que sa Mimi s'en tirerait
avec succès qu'il mit cet opéra à l'étude; les répétitions prouvèrent
que je m'en tirerais bien, et me voilà partie et lancée au théâtre!
Vis mere