Bag om UNE MALADIE MORALE LE MAL DU SIECLE
Parmi les traits les plus saillants de nos m¿urs, il en est un qui ne
peut, ce semble, échapper à personne: je veux dire un penchant très
prononcé pour les jouissances; et j'ajoute, surtout pour celles de
l'ordre matériel. Sans examiner ici si une pareille disposition était
restée jusqu'à présent inconnue, il est permis d'affirmer que, de nos
jours, et parmi nous, elle se manifeste avec évidence. Dès le milieu
de ce siècle, et même un peu avant, la France a donné des preuves
multiples de la considération dans laquelle elle tenait les biens de ce
monde. On y a vu la richesse, les grandeurs, les plaisirs, le bien-être
sous toutes les formes, poursuivis avec âpreté, quelquefois avec
cynisme. Ces ardeurs se sont traduites dans des faits bien connus,
dont quelques-uns n'ont eu que trop d'éclat; elles se sont
exprimées aussi, dans les arts, dans la littérature, par des
productions qu'on n'a point oubliées.
Non que la France tout entière
ait sacrifié à ces passions; grâce à Dieu, elle n'a jamais perdu la
tradition des grands dévouements et des ¿uvres élevées. Mais il
certain que, depuis un certain nombre d'années, nous n'avons point,
en général, montré un détachement exagéré de toutes choses, et
qu'on ne peut nous reprocher d'avoir estimé au-dessous de sa
véritable valeur le prix de la vie.
Vis mere