Bag om Vocation du cinéma
" Qüil s¿agisse d¿un bon ou d¿un mauvais film, d¿une production romancée, scientifique ou documentaire, un observateur averti ne peut se défendre d¿y découvrir les éléments caractéristiques d¿un art absolument original. Et cela, prenons-y bien garde, à l¿heure où des cultures fort variées ou successives semblent avoir presque épuisé les formes d¿expression qui nous les ont communiquées. Par une rencontre nécessaire, qüon pourrait qualifier de coïncidence si la civilisation mécanique dont le cinématographe est issu n¿avait précipité en même temps les idées et les m¿urs au-devant les unes des autres, l¿image en mouvement nous a été révélée à l¿instant précis où les formes d¿art les plus étrangères à nos habitudes¿ l¿architecture et la sculpture cambodgienne ou javanaise, ou mexicaine, surtout la sculpture africaine et polynésienne ¿ venaient bouleverser nos notions esthétiques les plus arrêtées, et par suite éveiller le doute dans nos âmes et l¿angoisse dans nos c¿urs. A l¿instant aussi où, en vertu des mêmes causes, un immense travail de destruction et de reconstruction s¿accomplissait dans les esprits modelés par l¿économique et substituait chez la plupart des peuples dits « civilisés » et dans tous les domaines de la pensée et de l¿activité, la notion des forces et des besoins collectifs en instance à celle des aptitudes et des fins individuelles en régression. Par suite, l¿impératif renouvelé, sinon nouveau, d¿imaginer des formes d¿expression qui répondissent à ces besoins et à ces forces.
Le cinéma, issu de la culture scientifique et de l¿évolution technique, s¿est naturellement offert à nous pour assumer cette tâche, comme la danse et la musique s¿étaient offertes aux peuples primitifs pour exprimer la culture mythique, comme l¿architecture s¿était offerte aux grandes synthèses religieuses ¿ brahmanisme, bouddhisme, christianisme, islamisme ¿ pour exprimer la culture sociale dont elles manifestaient la sublimation."
Vis mere